La rue n'a accordé aucun crédit aux appels et autres rumeurs qui circulent depuis quelques jours pour une marche, n'ayant finalement pas eu lieu. A notre reporter, des jeunes ont répondu ce matin que le temps où ils «étaient manipulés» est révolu. Il n'était pas question pour eux de se laisser entraîner derrière des mots d'ordre provenant de parties non identifiées. Dans la matinée de ce samedi, à travers les artères de la capitale, c'était le calme plat. «Aucune crainte», nous lancent plusieurs jeunes au niveau de certains quartiers de la capitale. Chacun vaquait à ses occupations quotidiennes, les commerces en majorité étaient ouverts, rien ne semblait perturber la quiétude de la population. Même la forte présence policière, mais discrète, ne semblait pas gêner le quotidien des citoyens. «C'est tout à fait normal ce genre de déploiement des forces de l'ordre», disent plusieurs citoyens accostés tôt dans la matinée d'aujourd'hui à Ben-Omar et à l'Apreval, dans la commune de Kouba. Au centre-ville de Bab-Ezzouar, ce n'est pas l'alerte, même si au niveau du «fameux» barrage des Bananiers, des automobilistes un peu excités se sont manifestés par des klaxons, uniquement le temps de patienter dans les embouteillages. «Il n'y a pas lieu de craindre les appels de ces perturbateurs qui agissent dans l'ombre. Que les policiers desserrent un peu le passage !», nous lancent plusieurs automobilistes. «Une fois de plus, la conscience d'une jeunesse qui a souffert lors de la décennie noire, catapulte un cinglant démenti à la face des fossoyeurs. Il y a certes le chômage que les jeunes Algériens affrontent, mais ce n'est pas une raison pour aller vers l'embrasement», disent d'autres jeunes au niveau de la commune d'El-Harrach. C'est le même son de cloche auprès des citoyens de Diar-El-Kef et Climat-de-France. «Les rumeurs colportées sur Internet par des individus qui voudraient utiliser notre misère à des fins inavouées ne fonctionnent pas», clament les citoyens de ces quartiers. Ils ont même décidé de reporter à plus tard leur mouvement de revendication au sujet de leur recasement. «Nous avons décidé de surseoir à toutes les protestations pour couper l'herbe sous les pieds des fossoyeurs de notre pays», disent-ils aussi en clamant des «1,2,3 Viva l'Algérie». C'est aussi le cas dans plusieurs quartiers populaires de la capitale et certains quartiers résidentiels : la population semble mobilisée pour faire obstacle à tout mouvement qui puisse nuire à la quiétude des citoyens. A Bab El-Oued, au niveau de plusieurs quartiers de cette commune populaire, «l'appel lancé par des inconnus est un non-événement. Il n'est pas question de laisser des opportunistes se servir du passé historique de notre commune pour semer la zizanie au sein de la population. La décennie noire, les événements du 5 Octobre 1988 ont laissé des traces indélébiles dans la mémoire des populations de ce quartier», nous dit un quinquagénaire accosté au niveau du quartier Les Trois-Horloges. Chez les jeunes de ce même quartier, on ne lit aucune panique, les trabendistes et autres vendeurs à la sauvette ont installé leurs étals devant les nombreuses ménagères présentes. Au niveau du quartier de Bir-Mourad-Raïs, aucune importance n'est accordée à l'appel du pseudo-mouvement du 17 septembre. «C'est du n'importe quoi cet appel. D'abord, qui sont ces gens qui se cachent derrière cet appel ? Si c'est pour mettre le pays à feu et à sang, copier nos voisins, ça ne marche pas», disent des jeunes à Bir-Mourad-Raïs. «Le temps de se servir de la jeunesse à des desseins inavoués et déstabiliser le pays est révolu», disent aussi deux jeunes gens, arrivant à pied de Tixeraïne pour rejoindre leur lieu de travail à El-Madania. A Bachdjarrah, «la vie continue», témoignent plusieurs citoyens accostés au niveau de la station de l'ETUSA au centre-ville. Pour un officier de police, «il n'y a pas lieu de tirer la sonnette d'alarme, toutes les informations qui nous parviennent font état d'un calme annonciateur d'une maturité à toute épreuve de la jeunesse algérienne», nous dit-il. Rabah Khazini