Lors du colloque sur la Guerre de Libération nationale organisé par l'hebdomadaire Marianne et le quotidien El-Khabar, les organisateurs ont opposé dans un débat très attendu la moudjahida et sénatrice Zohra Drif-Bitat au philosophe Bernard-Henry Lévy, quoique le terme de philosophe soit plutôt impropre à ce va-t-en-guerre surnommé le «général» par ses pairs, notamment pour ses positions carrément annexionnistes pour de sombres raisons humanitaires, dit-il. Posant indécemment devant un char dans une photo prise lors de la campagne de Libye, BHL, comme l'appellent les initiés, n'a jamais caché ses positions pro-israéliennes, même au plus fort des massacres de Palestiniens. Qu'attendre donc d'un fervent partisan de «la sécurité d'Israël» quitte à bombarder des populations de civils à Gaza ? Avis autorisé souvent sollicité par Marianne où il signe souvent de sulfureuses chroniques, il a été invité sciemment pour apporter la contradiction à Zohra Drif qui a été sémillante, sans faillir un instant face à un débatteur venu visiblement casser du FLN (celui de la Guerre de Libération, précisons-le). Or, des questions persistent sur l'organisation et la «philosophie» du débat où, pour l'apaisement recherché, il aurait fallu peut-être inviter des personnalités connues pour leur intégrité morale vis-à-vis de l'histoire. Des intellectuels qui, sans être particulièrement des amis de l'Algérie, savent garder cette distance et cette objectivité nécessaires à toute approche de l'histoire. Nous pensons particulièrement à des gens comme Pascal Boniface, ou des personnalités directement impliquées dans la guerre à l'instar du philosophe François Morin qui a eu l'humilité de reconnaître à Constantine, sa ville natale où il a séjourné au début du mois d'avril dernier, toutes les affres commises par l'armée coloniale. A l'évidence Bernard-Henry Lévy est un philosophe «médiatique», et à ce niveau, Marianne a fait plus dans le médiatique que dans le rétablissement de la vérité. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.