Motivations Les experts l?ont toujours dit. Outre l?envie de redessiner la carte du Moyen-Orient au bonheur de l?Etat hébreu, G. W. Bush avait d?autres raisons d?envahir l?Irak. Ces raisons n?ont un lien ni avec une dictature encombrante ni avec des armes de destruction massive dont les Baradeï, Blix et consorts n?ont jamais prouvé l?existence. Il se trouve simplement que l?Amérique avait soif de pétrole et que les gigantesques réserves de l?Irak ne pouvaient que l?allécher. Aujourd?hui, il y a une guerre dans la guerre : le contrôle de l?or noir. Mais pour le moment, le programme de l'ONU «Pétrole contre nourriture» maintient le statu quo et l?Etat irakien, sous la bannière de l?administration Bremer, en détient le monopole. Mais du côté de Washington, on entend faire le forcing pour que le pétrole irakien puisse couvrir les charges et la note salée de la guerre, donc contraindre l?ONU à abandonner son programme «Pétrole contre nourriture». Or, si l?on sort du cadre de l?ONU, cela inciterait les créanciers de l?Irak, dont la dette avoisinerait les 60 milliards de dollars, à exiger leur dû. C?est pour cette raison peut-être que l?Amérique a intérêt à rendre la souveraineté de l?Irak aux Irakiens dans les délais prévus, c?est-à-dire avant le 30 juin 2004. Quant à l?insécurité, elle ne semble pas constituer un accroc de taille. En effet, des responsables de la coalition et des entrepreneurs américains ont minimisé le problème de l'insécurité en Irak lors d'une conférence sur la reconstruction organisée le 25 avril dernier à Amman, capitale de la Jordanie, par des organismes américains, à laquelle participaient 300 représentants de 17 pays. «La sécurité est quelque chose de variable. Nous avons eu des périodes de grande tension comme ces deux dernières semaines», estimait Susan Hamrock, conseillère pour l'Irak au département américain du Commerce. «En dépit des graves turbulences, l'Irak continuera d'être un marché qui favorise les industries étrangères», a-t-elle estimé. Le problème de l'insécurité «ne devrait pas faire renoncer les entrepreneurs», a souligné David Harlan, responsable américain au Hacc, organe rattaché à la coalition chargé de fournir des informations aux entreprises souhaitant investir en Irak. Quelque 33 milliards de dollars ont été promis pour la reconstruction de l'Irak lors de la conférence des donateurs de Madrid en octobre, dont plus de 18 milliards d'aide américaine. Mais quelque 15% des montants des contrats ont été dépensés pour la sécurité, aux dépens des projets, a concédé un haut responsable de la coalition.