Action - L'opération d'éradication des marchés informels se poursuit au niveau de la capitale. Quelque 150 commerçants illégaux dans le marché Ali-Mellah, qui avaient un délai jusqu'à hier pour libérer les lieux, ont été délogés ce matin par les forces de l'ordre. Les récalcitrants ont fait face à l'intransigeance d'un important contingent de policiers mobilisés pour la réussite de cette opération. Le marché Ali-Mellah, c'est de l'histoire ancienne. «Il sera fermé pendant une semaine pour des travaux d'assainissement et de rénovation. Tous ses locataires seront sommés de respecter l'espace qui leur a été réservé, faute de quoi ils payeront des amendes qui seront fixées par la loi», nous dit-on au niveau de l'APC de Sidi M'hamed. Depuis hier déjà, la tension était à son comble au niveau de ce marché, avec le début de l'opération de déménagement des tables, étals et tentes exploités par les jeunes gens pour la vente de divers produits, dont des articles vestimentaires, des chaussures, de la lingerie et des cosmétiques. Ces vendeurs que nous avons abordés, affichent une colère qui en dit long sur leur état d'esprit. Beaucoup d'entre eux disent qu'ils sont certains que «l'Etat ne prendra pas en charge leur problème, à l'image des marchés déjà nettoyés, comme ceux de Aïn Naâdja, Bachdjarah, Bab El-Oued et Birkhadem». Si dans les rouages de l'Etat, l'opération «nettoyage» est une action irréversible, les vendeurs du marché Ali-Mellah évoquent tous leur situation sociale. «La plupart des vendeurs sur cet espace nourrissent des familles entières. Si on ferme mon commerce, je ne vois d'autre choix que d'aller voler. Je suis obligé de faire vivre ma famille. L'Etat nous pousse à la harga, nous dit l'un d'eux. «Pourquoi n'a-t-on pas pensé à la création d'emplois avant de fermer le marché informel ?», ajoute son voisin d'étal. Dans les milieux des clients de ce marché, les avis divergent entre les partisans de l'éradication et ceux qui voient d'un mauvais œil cette opération. «Ces commerçants reviendront sous d'autres formes et sous d'autres cieux. Ils parasiteront les alentours des villes», dit un citoyen. Selon lui, cette initiative démontre le manque de clairvoyance de l'Etat et incite éventuellement les jeunes à devenir oisifs et à s'adonner au vol, voire à se transformer en dealers qui vont occuper les cages d'escalier de nos immeubles. Ces jeunes n'ont désormais pas où aller», regrette notre interlocuteur. Il insiste sur l'importance d'un travail de sensibilisation et de vulgarisation pour expliquer à ces jeunes les conséquences du marché informel sur l'économie nationale. De son point de vue, «il aurait fallu octroyer des locaux commerciaux à ces vendeurs illégaux avant toute opération de ce genre». Ce qui n'est pas le cas de plusieurs autres citoyens qui encouragent ces opérations coup-de-poing pour libérer la rue. «Nous pouvons souffler maintenant. L'Etat a vraiment mis beaucoup de temps pour éradiquer les parasites de nos villes», disent certains.