Une flotte espagnole, partie de La Havane et chargée de l'or du nouveau Monde, traverse la zone des Bermudes. La flotte approche du cap Hateras dont le capitaine, armé de sa longue lunette de cuivre, aperçoit la pointe. C'est à cet endroit que l'on doit tourner pour traverser l'Atlantique. La zone, coincée entre les Bermudes, la Floride et Porto Rico, est dangereuse. Ce n'est pas seulement parce qu'elle correspond à cette fameuse zone dite du diable, où se produisent des phénomènes étranges mais parce qu'elle est le point de rencontre entre le Gulf Stream, un courant marin d'air chaud, et le courant d'air froid de l'Arctique, ce qui provoque souvent de violentes tempêtes qui envoient par les fonds les navires les plus solides. Le capitaine Bonilla surveille aussi bien les bateaux ennemis que le ciel et la mer. Et le ciel a commencé à se couvrir et la mer à s'agiter. Le vent, jusque-là doux, souffle avec plus de force, faisant claquer les voiles des bateaux. Aux côtés de son supérieur, dont il surveille les réactions, le second s'inquiète «Capitaine, la tempête se prépare...-Oui, dit le capitaine, mais nos navires sont conçus pour supporter les tempêtes les plus fortes !» En fait, il est, comme son second, très inquiet. Au fur et à mesure que les minutes passent, les vagues deviennent plus grosses et éclaboussent avec violence les marins. L'eau glacée porte des colonnes de sable, transportées par le Gulf Stream. C'est un phénomène bien connu de ceux qui ont l'habitude de traverser cette zone de l'océan. C'est aussi un phénomène inquiétant, parce que annonciateur d'une tempête violente.