Résumé de la 5e partie - Ali est revenu. Yamina, impatiente, accourt vers lui tout en appréhendant ce qu'il lui dira. «Yamina, ma sœur, fille de ma mère, dit-il comme pour adoucir le terrible aveu. Tu es croyante et le croyant doit accepter la volonté de Dieu !» «Où est-il, que lui est-il arrivé ? Dis-moi tout !», réussit-elle à articuler, puis, se couchant brusquement de tout son long, elle se met à se rouler dans la boue en hurlant «Hocine ! Hocine ! Khladari ! Khladari lêhzina !» Les autres la retiennent. Tout le voisinage accourt. Les femmes se mettent à pleurer tout haut, frappant leurs cuisses des deux mains. On porte Yamina dans sa maison, inconsciente. Les femmes la lavent et lui changent ses vêtements. Dehors, les hommes, accourus de toutes parts, font un grand cercle autour du forgeron. Quand enfin elle se réveille, Yamina reste un moment hébétée et, rejetant sa couverture, se lève. Comme une folle, elle sort devant sa porte, se frayant un chemin dans le groupe d'hommes. Quand elle trouve le vieux Ali appuyé contre la fenêtre, elle lui dit calmement : «Raconte-moi, frère Ali !» En la voyant, le forgeron est trop ému pour répondre tout de suite. Au bout d'un moment, les yeux au sol, il parle. Tous les hommes écoutent. Derrière eux, près de la porte, des femmes essuient leurs larmes avec leurs mouchoirs, sans un mot. «Quand je suis arrivé à Jijel, je suis allé chez le docteur. Mais son infirmier, un Arabe, m'a dit qu'il était reparti mais qu'il était bien malade. Le docteur lui a dit d'aller à l'hôpital, mais Hocine a refusé. Ma mère m'attend, a-t-il dit. Elle va s'inquiéter si je tarde trop.» Des sanglots de femmes s'élèvent. Ali se tait un moment et reprend, la voix grave. «Il a dû se traîner jusqu'au douar des Ouled-Ali. Des hommes du douar l'ont retrouvé un matin, couché sur la route ; il avait dû mourir pendant la nuit... Il a fini de souffrir, sœur Yamina ! L'infirmier m'a dit que sa maladie était grave, et qu'il allait mourir, tôt ou tard. Il avait la tuberculose.» «Ma sœur, dit un homme de la dechra, tu as eu tort de ne pas nous avoir avertis, nous serions partis avec lui. On se serait occupé de lui !» «Ils l'ont enterré dans leur cimetière, continua le forgeron... J'ai rapporté ses vêtements... Que Dieu ait son âme, c'était un innocent...» Yamina ne dit rien. Pas une larme ne coule de ses yeux. Elle se retourne et va derrière sa maison. La pluie commence à tomber de plus en plus fort. Les gens retournent chez eux. «Venez vite ! Venez vite ! Aidez-moi !» (A suivre...)