Manipulation - Alors que la rue constantinoise était encore en ébullition jeudi, c'est la petite Sana, 6 ans, enlevée cette même journée à Tlemcen, qui a été retrouvée étranglée, enfermée dans un fût. Cette série de kidnappings comme jamais n'a connu le pays, soulève les questions les plus folles, tant aucune explication n'a encore été avancée. Coïncidence ? Cela ne semble pas satisfaire certains observateurs, notamment au sein de la société civile. «Je ne crois pas un instant que cela soit une coïncidence. A moins qu'en quelques semaines un virus se soit propagé parmi certaines bandes de jeunes délinquants, pour en faire des pédophiles et tueurs d'enfants. Ce qui ne me convainc pas», nous explique Tahar, retraité de la Fonction publique. «Je ne m'aventurerai pas à émettre des hypothèses complotistes, mais je m'interroge et je ne suis pas le seul.» «En outre, il y a un risque de manipulation de la rue, à travers l'émotion que provoquent ces actes criminels», ajoute-t-il. Et la publication de photos supposées des deux «présumés assassins» de Haroun et Brahim (Constantine), parues dans certaines presses et reprises sur Internet, n'est pas là pour rendre cette hypothèse insensée. Elle soulève même chez les plus sceptiques d'autres questions. Qui les a prises ? Comment se sont-elles retrouvées sur la place publique ? Y a-t-il une volonté cachée derrière tout cela ? Un plan macabre pour mener les gens vers la rue ? Des questions qui restent pour l'heure sans réponses et qui ajoutent la confusion au désarroi des Algériens. Des questions que compte bien tirer au clair la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) qui, apprend-on, vient de dépêcher à Constantine, depuis Alger, une commission conduite par un haut responsable de la Sûreté nationale. Cette dernière doit faire la lumière sur cette étrange affaire des photos, mais aussi sur ce qui s'apparente à la violation pure et simple du secret de l'instruction, tant certains détails du dossier ont filtré alors même que l'enquête n'est que dans sa première phase. «Les dessous de cette véritable tragédie qui touche nos enfants aujourd'hui, doivent absolument nous être dévoilés au plus vite», martèle une mère de famille rencontrée à Alger. «D'autant que nous savons que des forces malsaines aux jeux obscurs se nourrissent essentiellement de faits divers surtout les plus atroces», ajoute-t-elle. Ces derniers s'emparant des épisodes crapuleux ou dramatiques qui éveillent dans l'opinion un double sentiment d'empathie avec les victimes et de réprobation ou de fureur à l'égard des criminels (ou supposés tels).