Réalité - Beaucoup d'affaires de violence ne parviennent pas à la justice, d'où l'importance de la sensibilisation de la famille. «La violence exercée sur l'enfant a un lien direct avec notre culture et la famille qui n'est toujours pas ouverte», a indiqué la directrice des études au département de Belaïz. «Le ministère de la Justice ne peut pas intervenir à ce niveau. Ce n'est pas à lui de prendre en charge le volet prévention. Le rôle de la Justice se limite à la protection des enfants», a ajouté Mme Mebarka Sakhri, à l'occasion de la journée d'étude sur la protection contre la violence exercée à l'égard des enfants. Organisée jeudi par le ministère de la Solidarité, cette rencontre a notamment porté sur la législation algérienne en matière de protection des mineurs. La convention internationale des droits de l'enfant constitue dans ce cadre l'instrument de base pour la justice algérienne et ce, depuis 1992, assure Mme Sakhri. Dans la violence contre les enfants, figurent la négligence des parents, les coups, les blessures et les agressions sexuelles. «Des actes beaucoup plus faciles à prouver que la négligence affective dont les conséquences sont dramatiques sur l'enfant qui devient un danger moral pour la société», estime la juriste, qui propose, à l'instar des autres participants, le renforcement du travail de proximité. Un projet qui pourrait être très efficace dans le cas où le curatif rejoindrait le préventif. Pour en arriver là, les programmes mis en place et les budgets dégagés pour la protection des enfants doivent être en conformité avec les conventions signées par l'Algérie, rappelle l'Unicef. La chargée du programme de protection de l'enfance Unicef Algérie a tenu néanmoins à revenir sur «certaines valeurs et normes véhiculées par la société et qui font beaucoup de tort à l'enfant». Mme Doria Merabtine a notamment évoqué le châtiment corporel toujours en vigueur dans certaines familles, d'où l'importance de la sensibilisation. La société civile et les médias sont appelés à ce titre à «condamner les normes sociales négatives et changer les mentalités», dit-elle. L'objectif de l'Unicef est d'éviter à l'enfant le processus judiciaire. Et comme alternative, Mme Merabtine préconise «de maintenir l'enfant dans le système social et l'accompagner dans sa famille». En fait, la stratégie de l'Unicef s'articule sur cinq grands axes. Il s'agit en premier lieu de renforcer le système de protection national, d'appuyer le changement social, de promouvoir la protection de l'enfant dans les conflits et les catastrophes naturelles, la collecte des données et gestion des connaissances et enfin de mobiliser des agents de changement. Une stratégie ambitieuse qui a toutefois besoin d'un appui des autorités, essentiellement en matière de renforcement des Services d'observation et d'éducation en milieu ouvert (Soemo). Un service par wilaya s'avère aujourd'hui très insuffisant pour le travail de proximité si cher au ministère de la Solidarité. Il est impératif d'ouvrir des antennes régionales pour se rapprocher davantage de cette catégorie vulnérable, plaide la représentante de la Direction de l'action sociale de la wilaya de Tizi Ouzou en marge de cette journée.