Autrefois, dans une lointaine forêt, un bûcheron vivait tant bien que mal dans une modeste cabane en compagnie de son épouse. Le matin il allait par les bois scier, abattre, couper, tailler les arbres et débroussailler, ce qui lui permettait de vivre tranquille avec Fanchon sa compagne. Bien entendu ils ne vivaient pas dans le luxe mais après tout se disaient-ils sagement, le peu que nous avons nous contente. Parfois ils se prenaient l'un et l'autre à rêver d'une autre vie, une vie d'opulence, de richesses, d'or, de bijoux mais tout cela restait du domaine du rêve. Un jour que Blaise, le bûcheron, s'apprêtait à donner son premier coup de hache matinal, il entendit un bruit étrange qu'il ne reconnaissait pas. Il avait l'habitude des bruits de la forêt : le craquement des vieilles branches, le sautillement des oiseaux sur les feuilles sèches, l'appel du coucou ou de la mésange, le croassement des grenouilles... tout cela il les avaient entendus maintes et maintes fois, mais ce bruit-là, c'était la première fois. Bien qu'il ne soit pas d'un caractère inquiet, il n'était pas non plus parmi les hommes les plus téméraires. Il essaya de ne plus y prêter attention, mais le bruit revint plus fort encore. La hache à la main, il fit quelques pas autour de l'arbre, mais il ne vit absolument rien. Il s'apprêtait une nouvelle fois à se remettre à l'ouvrage mais le bruit se fit plus distinct et, la hache levée, il entendit clairement une voix caverneuse et puissante s'adresser à lui : «Bûcheron de la forêt, le moment est venu pour toi de réaliser trois de tes vœux les plus chers» Le bûcheron, ayant posé sa hache, tourna une nouvelle fois autour de l'arbre. Mais, pas plus que l'instant d'avant il ne découvrit pas la source de ces paroles. Et la voix recommença : «Bûcheron de la forêt, le moment est venu pour toi de réaliser trois de tes vœux les plus chers» Sans doute enhardi par la curiosité, Blaise s'adressa à l'arbre : — Est-ce toi qui me parles ? Mais seul le vent lui répondit. Alors, essayant à nouveau de chasser ce souvenir de son esprit, Blaise reprit sa hache et s'apprêta à se remettre au travail. Comme il faut s'en douter, une troisième fois la voix s'éleva : «Bûcheron de la forêt, le moment est venu pour toi de réaliser trois de tes vœux les plus chers» (A suivre...)