Communiqué n Une vingtaine de pays et organisations internationales ont appelé hier, dimanche, à Rome, à un cessez-le-feu immédiat dans toute la Libye et à la mise en place rapide d'un gouvernement d'union pour mettre fin au chaos régnant dans le pays. Un gouvernement d'union nationale «basé à Tripoli» est «essentiel pour faire face, en partenariat avec la communauté internationale, aux défis critiques auquel le pays est confronté dans les domaines humanitaire, économique et sécuritaire», ont annoncé ces pays dans un communiqué conjoint, à l'issue de la réunion co-présidée par l'Italie et les Etats-Unis. "Nous appelons toutes les parties à accepter un cessez-le-feu immédiat et complet dans toute la Libye", ont-ils ajouté, en réaffirmant leur engagement à fournir une assistance humanitaire aux habitants. Selon l'ONU, 2,4 des 6 millions de Libyens en ont besoin, malgré les importantes ressources pétrolières du pays. Des représentants de 17 pays -- les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU et des pays européens et arabes --, ainsi que de l'ONU, de l'Union européenne, de la Ligue arabe et de l'Union africaine se sont retrouvés dimanche à Rome, avec une quinzaine de représentants des principales factions libyennes, pour souligner la nécessité d'appliquer un accord conclu en octobre sous l'égide de l'ONU. Cet accord doit être signé par des dizaines de représentants libyens mercredi à Skhirat, au Maroc. Il prévoit la mise en place, dans les 40 jours, d'un gouvernement d'union siégeant à Tripoli. Le pays a pour l'instant deux Parlements, l'un dans la capitale et l'autre, reconnu par la communauté internationale, à Tobrouk (est). Les critiques de cet accord, obtenu au forceps via une médiation étrangère, préviennent que toute tentative de précipiter le processus de réconciliation risque d'accentuer les divisions, et rappellent que les conditions de sécurité ne sont pas réunies pour l'instant à Tripoli pour y installer un gouvernement. Mais les participants à la conférence d'hier ont affiché leur optimisme. L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, s'est ainsi dit "impressionné par la cohésion" autour de l'accord des délégués présents à Rome, qui représentaient selon lui "la grande majorité des Libyens". Et les participants ont assuré, dans le communiqué final, soutenir "les efforts du peuple libyen pour faire de la Libye un Etat sûr, démocratique, prospère et unifié". "Ceux qui sont responsables des violences et ceux qui font obstruction et minent la transition démocratique libyenne devront en payer les conséquences", a prévenu ce communiqué, en évoquant une rupture de tout contact officiel avec les personnes refusant l'accord. Des diplomates ont également parlé de sanctions de l'ONU. R. I. / APS Messahel : l'«urgence» d'un gouvernement d'union nationale l L'Algérie était représentée à cette conférence internationale pour la Libye par le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. Ce dernier a réitéré dimanche la position constante de l'Algérie pour un règlement politique de la crise libyenne permettant la mise en place d'un gouvernement d'union nationale. Dans son intervention à la Conférence internationale sur la Libye, M. Messahel a rappelé, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, «la position constante de l'Algérie au règlement de cette crise à travers la solution politique, fondée sur le respect des principes de la souveraineté, de la non ingérence, de l'intégrité territoriale, de l'unité nationale de la Libye et de la cohésion de son peuple, devant conduire à l'urgence de la mise en place du gouvernement d'union nationale, basé à Tripoli, pour combler le vide institutionnel en Libye». M. Messahel a souligné, à cette occasion, que «le terrorisme et ses connexions criminelles se nourrissent et se répandent de l'absence d'un Etat capable, fort et juste», ajoutant que «c'est pourquoi il a insisté sur la signature d'un accord politique et l'urgence de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, la seule voie à même de faire face aux défis politiques, économiques et sécuritaires». Il a réaffirmé que les Libyens disposent de capacités et ressources y compris des ressources humaines nécessaires, pour régler définitivement le conflit à condition que l'on n'interfère pas dans leurs affaires et que l'on ne leur dicte pas la marche à suivre. Il a exhorté «la communauté internationale et les Nations unies à accompagner ces efforts de reconstruction de l'Etat et d'amélioration des conditions socio-économiques du peuple libyen». M. Messahel a assuré que «l'Algérie se tient en cette période décisive aux côtés du peuple libyen et aux nouvelles institutions en les accompagnants dans la limite de ses moyens, comme elle l'a déjà fait dans le passé avec les gouvernements de transition précédents». Benghazi : les élèves reprennent le chemin de l'école l Les enfants de Benghazi, grande ville de l'est de la Libye, ont repris hier dimanche le chemin de l'école pour la première fois depuis le début de la guerre il y a un an et demi, bravant les combats qui continuent à faire rage. Hier dimanche, seules un tiers des écoles de Benghazi, soit 77 écoles sur 254 ont ouvert leurs portes. Selon l'ONU, 100.000 personnes ont fui leurs maisons en raison des combats dans la ville et ont dû être hébergées en urgence. 64 écoles sont ainsi réquisitionnées pour accueillir les déplacés. Pendant plus d'un an, les enfants ont suivi des cours à distance grâce à un système d'urgence qui voyait leurs parents se rendre au ministère pour récupérer cours et manuels. Après les avoir étudié à la maison, les élèves se rendaient à l'école seulement pour passer les examens. Si aucune mesure de sécurité supplémentaire n'a été prise directement dans l'école pour cette rentrée, les parents doivent cependant passer par le filtre des nombreux checkpoints installés dans la ville avant d'arriver. Et l'ombre de la guerre continue de planer sur cette rentrée qui intervient avec deux mois de retard par rapport au reste du pays. A Benghazi, le gouvernement n'a pu fournir ni livre, ni uniforme aux élèves des écoles primaires et des collèges. L'EI commence à «pénétrer vers l'intérieur» l Le groupe Etat islamique (EI), déjà ancré sur les côtes libyennes, commence à progresser "vers l'intérieur" de la Libye avec pour objectif l'accès à des puits de pétrole, a déclaré lundi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. "Ils sont à Syrte, ils étendent leur territoire sur 250 kilomètres linéaires de côte, mais ils commencent à pénétrer vers l'intérieur et à avoir (une) tentation d'accès à des puits de pétrole et des réserves de pétrole", a-t-il dit à la radio RTL. M. Le Drian a exclu une opération militaire extérieure contre l'EI en Libye, du type de ce qui se passe en Syrie, estimant que les Libyens avaient les moyens de s'y opposer eux-mêmes pour peu qu'ils cessent de se combattre.