Avis n Pour Halim Faïdi, (premier Prix national d'architecture et d'urbanisme 2012) : «Ce n'est pas le logement qui fait la ville, c'est la ville qui fait le logement». L'intervenant défend l'idée de construire une ville sur une base de «70% consacrée à l'espace public» contre, 30% réservé au logement. Halim Faïdi a indiqué que «là où il y a une cité HLM, c'est à l'image du LSP, et l'AADL, il n'y a pas d'urbanisme, et il n'y a pas d'architecture». «Même ces lieux qu'on est en train de créer sont des lieux officiellement informels», a-t-il ajouté. L'architecte a tout de même rassuré que la question de la ville n'était pas spécifique à l'Algérie. «Il faut qu'on se remette dans un contexte mondial. Rien qu'en Afrique, vous avez aujourd'hui 800 millions de personnes qui sont sur les routes, durant ces dix dernières années, et qui fuient la misère des campagnes», a-t-il déclaré. S'appuyant sur des exemples concrets, l'intervenant, qui était l'invité du Forum du quotidien Liberté, a présenté des photos de quelques cités nouvellement construites. «En arrivant à Chaïbia (dans la commune d'Oued Chebel, à l'extrême sud de la wilaya d'Alger, ndlr), j'ai traversé une piste au milieu des champs (…), ceci dit, ça offre un cadre, on va dire, assez agréable», a-t-il précisé. Le logement n'est censé représenter que 30% de la ville. Les 70% restants sont réservés aux routes, aux chemins, aux massifs plantés, aux parcs, aux plans d'eau, aux équipements de proximité ou de ville, aux activités, aux écoles, aux universités, aux services, aux loisirs, à la culture, aux centrales de distribution de l'énergie, aux stations techniques, etc. En rajoutant une école, un centre commercial et une mosquée dans une cité, on ne lui retire pas son caractère de cité. Une HLM en couleur restera toujours une HLM», a encore expliqué Halim Faïdi. Directeur de la revue Vies de Villes, Akli Amrouche, a pour sa part estimé que «dans un espace agréable, quand le climat est apaisé, il n'y a pas de gangs, pas de problèmes. Or quand des habitants, déracinés de leurs quartiers, se retrouvent sans transport, sans équipement, sans stade, les problèmes arrivent !». «C'est précisément l'absence d'urbanisme qui est la cause principale de la violence dans les cités. La ville est un contenant et la société un contenu. Les deux sont intimement liés comme le corps et l'esprit. L'urbanisme n'est pas une science de la construction et ne se suffit pas d'un plan et d'une entreprise de réalisation, aussi performante et rapide soit-elle. On parle de cité de 1 000 ou 2 500 logements, de numéro de bloc, on entre dans une cage d'escalier pour dormir dans une ‘cellule', c'est bel et bien un langage carcéral», a-t-il assuré. «Il y a un problème de gouvernance. On privilégie la quantité de logements. Or, il faut penser à la qualité. L'Etat fait des efforts en donnant des logements gratuitement, cela règle des problèmes à court terme, mais à long terme, ce sera pire», a-t-il déploré.