Appréhension n Le nouveau gouvernement de Michel Temer s'est mis au travail hier en préparant les Brésiliens à des «mesures difficiles» pour affronter la grave crise économique qui touche le pays divisé par des mois d'âpre lutte de pouvoir. Au lendemain du vote historique du Sénat qui a suspendu du pouvoir la présidente élue Dilma Rousseff dans le cadre d'une procédure de destitution contestée, tout indiquait qu'il n'y aurait pas d'état de grâce pour le président par intérim. «Je ne vais pas faire de miracles en deux ans», a déclaré M. Temer à la revue Epoca, semblant tenir pour acquis que Mme Rousseff, dont il a activement brigué le fauteuil pendant des mois, serait bien destituée dans quelques mois. «Je souhaite que, au moment où je quitterai la présidence, on se dise au moins: -Ce gars là a remis le pays sur les rails-», a-t-il ajouté. «La priorité est désormais de maîtriser la dépense publique», a déclaré le nouveau ministre de l'Economie, Henrique Mereilles, un ancien président de la Banque centrale dont la nomination a été bien accueillie par les milieux économiques. Henrique Mereilles a promis que les programmes sociaux en faveur des plus démunis, implantés par la gauche, «seront maintenus». Mais il a préparé les Brésiliens à un paquet de mesures impopulaires: «indispensable» réforme du système des retraites déficitaire, augmentation temporaire des impôts «si nécessaire» et réforme du droit du travail. Lors de sa première conférence de presse très attendue, Henrique Mereilles s'est toutefois gardé d'annoncer des mesures chiffrées. «Nous avons commencé à travailler hier soir et nous sommes en train de prendre connaissance des chiffres. Les objectifs doivent être annoncés avec réalisme», et les mesures «mûries et négociées» pour pouvoir être approuvées au Parlement, a-t-il expliqué. Il s'est dit confiant dans le fait que la société brésilienne était «mûre» et «mieux préparée à accepter des mesures d'ajustement difficiles». «Nous vivons la pire crise économique de l'histoire du Brésil», a souligné le chef de cabinet (quasi Premier ministre) de Michel Temer, Eliseu Padilha, à l'issue du premier Conseil des ministres. La septième économique mondiale est plongée dans une profonde récession. Son PIB s'est contracté de 3,8% en 2015 et devrait chuter d'autant cette année. La dette et les déficits augmentent rapidement, comme le chômage qui frappe 11 millions de Brésiliens. L'inflation élevée contraint la Banque centrale à maintenir un taux directeur de 14,25%, l'un des plus élevés au monde, qui décourage les investisseurs. «Nous vivons la pire crise économique de l'histoire du Brésil», a souligné le chef de cabinet (quasi Premier ministre) de Michel Temer, Eliseu Padilha, à l'issue du premier Conseil des ministres. «Les gens sont sortis manifester dans les rues pour deux choses : un Etat sans corruption et efficace. Eh bien, dehors la corruption et bienvenue à l'efficacité!», a lancé M. Padilha... lui-même en délicatesse avec la justice.