Réaction Les malades sont excédés. Au seuil des départements de l?hôpital, dans ou hors des blocs, ils ne savent plus à quel saint se vouer en voyant leur rendez-vous, consultation ou hospitalisation reportés à une date ultérieure. «Si nous étions dans un pays qui respecte la dignité humaine, le service de cancérologie ne serait pas en grève. Des gens viennent de loin, même des pays africains, ce n?est pas possible. Que doivent-ils faire ?», s?écrie une vieille femme, venue attendre sa fille qui devra intervenir pour elle. La femme est comme la plupart des citoyens, qui sont venus ce jour, quémander l?aide et l?intervention de leur connaissance, amis ou cousins, pour espérer se faire soigner, puisque tous les services de l?établissement sanitaires sont à l?arrêt. «Eh oui ! Que croyez vous que de pauvres citoyens comme nous puissent faire ? Des citoyens sans le moindre sou, qui ont du mal à vivre !». «Makache dawla (Il n?y a pas d?État), rétorque une femme voilée, ils ne travaillent même pas en temps normal, que dire alors de la grève ? C?est une catastrophe. J?ai plusieurs fois tenté de joindre ma fille, qui travaille au service de cancérologie, le standard sonne dans le vide, durant toute la journée». Une femme assise non loin de là, venant du Sud écoute la discussion, puis enchaîne subitement : «Je suis venue de loin, j?ai tenté de les joindre par téléphone pour savoir si je pouvais venir et faire mon opération, en vain. Le téléphone sonne dans le vide. Que font-ils ! ? Un tel service qui reste injoignable. C?est grave !». De nombreux citoyens sont retournés bredouilles. Seules les urgences sont prises en charge, un service minimum. Accablés par la maladie, la souffrance et l?interminable attente de leur prise en charge, l?éloignement des régions d?où ils viennent, les patients excédés et désespérés laissent exprimer leur colère et ne manquent pas de proférer des insultes et injures, voire des remarques désobligeantes envers le personnel médical.