Evocation n L'instant d'une soirée, le public a été imprégné de nostalgie. Il a été immergé dans l'univers musical de Dahmane El Harrachi, ce pilier de la chanson algérienne. La cérémonie organisée, samedi, à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth, en hommage à celui qui a donné à la musique algérienne ses lettres de noblesse, a vu la présence de la famille du défunt, sa femme et son fils, le brillant chanteur Kamel El Harrachi, ainsi que plusieurs de ses amis et des artistes qui l'ont connu de près durant sa carrière, dont Kamel Hammadi. Durant cette cérémonie, plusieurs de ses chansons célèbres ont été interprétées par les chanteurs venus lui rendre hommage. Le coup d'envoi de la soirée a été donné par l'orchestre-pilote chaâbi, dirigé par le chef d'orchestre Rairi Raidh Saidji. Plus tard, une pléiade d'artistes se sont succédé sur scène. Parmi ces artistes, on peut citer Nassima Chabane, qui a ouvert la soirée en interprétant Bism Ellah El-Adim, avant de céder la scène à Redha Doumaz, qui a chanté «Alach ennas kbahou». Il y a eu ensuite, outre Hamidou, Nacer Mokdad et Nourredine Alame, les artistes de la nouvelle génération, à l'instar d'Amel Zen. Tous ont interprété les chansons de Dahmane El Harrachi, restées immortelles. Enfin, le moment le plus fort et le plus émouvant de cet hommage a résidé dans l'apparition remarquable et très attendue de Kamel El-Harrachi, digne héritier de son père en stature et en musique. Le public a donc vu monter sur scène son fils, Kamel El- Harrachi, qui, suivant la carrière de son père dans le vaste monde du chaâbi, a fait sensation auprès de l'assistance nombreuse et qui semble avoir apprécié sa prestation et avoir été touchée par l'émotion qui se dégageait de sa voix rocailleuse, attachante. En traduisant toute une émotion et réveillant des souvenirs indélébiles, Kamel El-Harrachi a, entre autres, interprété «Fi west El-Djazaïr» et «werda merchouka». Les artistes qui ont pris part à la cérémonie et ont chanté à la mémoire de celui qui s'est tout au long de sa carrière imposé avec son propre style de musique, avec des paroles faciles à saisir, basées sur des maximes populaires, ont indiqué que «c'est un hommage tout à fait mérité pour ce grand artiste et les anciens ne l'ont pas oublié alors que les jeunes d'aujourd'hui l'apprécient et le découvrent de plus en plus». Présent à la cérémonie d'hommage, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a indiqué que son département mobilisera prochainement plusieurs chercheurs et académiciens dans le domaine de la musique pour étudier l'ensemble de l'œuvre poétique et musicale de Abderrahmane Amrani, le vrai nom de Dahmane El Harrachi. Il est à noter que cet hommage a vu l'édition d'un coffret de 12 CD avec un petit livret, retraçant le parcours du chanteur. L'événement est une initiative de l'Office national des droits d'auteurs (ONDA), sous l'égide du ministère de la Culture. Yacine Idjer Sur les traces du père l «Mon père a laissé derrière lui un trésor musical qui est salué aux quatre coins du monde. Une chanson comme «Ya rayeh» a été tellement traduite et fusionnée que cela dénote un artiste d'exception», a souligné Kamel El-Harrachi, quelques minutes avant de monter sur scène. Il a ajouté: «L'hommage rendu à mon père est une louable initiative organisée par l'ONDA. Je suis évidemment reconnaissant au fait qu'on rende hommage à ce monument de la musique algérienne. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.» Kamel El-Harrachi a, en outre, souligné que «toute la musique que je pratique a pour objectif de préserver et mettre en valeur le prestigieux répertoire poétique et musical composé par mon défunt père». Né le 7 juillet 1926 à El-Biar, à Alger, Dahmane El-Harrachi passe son enfance et le début de sa jeunesse à El-Harrach, d'où son nom d'artiste. Passionné par la musique depuis son jeune âge, il rejoint la France à l'âge de 23 ans, où il débute une somptueuse carrière musicale, à commencer par être musicien au banjo dans l'orchestre du Cheikh El-Hasnaoui, avant de voler de ses propres ailes et devenir l'un des meilleurs auteurs-compositeurs et interprètes que la culture algérienne ait enfantés.