Résumé de la 3e partie - Ernst Buhler a vingt ans de métier, Mme Ruder est une grosse cliente, certes, mais le métier est le métier. L'absence de poils de chevreuil est normale, puisqu'il s'agit de sang humain, groupe O positif. Entre-temps Mme Ruder râle comme prévu : — Il y en a pour au moins mille cinq cents marks, j'exige que votre compagnie autorise les réparations immédiatement ! Car Mme Ruder est milliardaire mais radine. Et lorsqu'on songe au risque qu'elle a pris en donnant cette voiture à réparer, et en râlant pour mille cinq cents marks, il faut en déduire qu'elle est en plus stupide ! Car Mme Ruder est la mère de Johann Ruder, meurtrier en liberté provisoire. Et, après quelques vérifications policières relativement simples, il se trouve que les traces de sang correspondent au groupe de Mathias, témoin unique et décédé de l'affaire de son fils. Elle se retrouve donc devant le juge d'instruction. — Vous maintenez avoir heurté un chevreuil ? Où est-il ? — Je ne sais pas... il a disparu, je l'ai blessé. — Vous avez heurté un homme, madame Ruder, mieux vaudrait l'avouer. — Un homme ? Je suis désolée, je l'ai pris pour un chevreuil. — Et vous ne vous êtes pas arrêtée ? — Puisque je vous dis que je l'ai pris pour un chevreuil ! — Je suis obligé de vous accuser de meurtre pour l'instant, madame Ruder, et avec préméditation probablement. Je ne crois pas une seconde que vous ayez heurté par hasard le témoin principal d'une affaire criminelle qui concerne votre fils ! — Bon, écoutez, ce n'est pas moi qui conduisais, j'ai cru plus simple de ne pas le préciser. Mais il m'a dit que c'était un chevreuil. — Qui ? — Un homme à qui j'ai prêté la voiture... je ne sais plus qui... — Madame Ruder, si vous cessiez de mentir ? Vous protégez votre fils ? C'est lui qui conduisait ? — Non ! — Alors c'est vous ? De toute façon vous êtes complice, je vous inculpe tous les deux. Mme Ruder la richissime a mis plusieurs semaines avant d'avouer finalement qu'elle avait recruté par petite annonce, pour vingt mille marks, un chômeur. Au bout de cinq candidats elle dit être tombée sur le «bon». Celui qui a accepté de suivre Mathias, vingthuit ans, père de famille, durant plusieurs jours, de le guetter à la nuit tombante, sur les lieux de son travail, et de lui foncer dessus avec la Mercedes de Mme Ruder. Le tueur à gages a vingt-quatre ans, il a été choisi par Mme Ruder après qu'elle eut éliminé sans explications les quatre chômeurs précédents. Celui-là avait la tête de l'emploi. Une sale tête à tuer père et mère pour vingt mille marks. Elle dit : — J'ai deviné tout de suite qu'il serait d'accord. Voilà donc une femme, une mère, qui protège son fils assassin, qui donne vingt mille marks à un autre assassin, et qui fait une déclaration à sa compagnie d'assurances en râlant pour mille cinq cents marks de réparations... Le tueur à gages a été condamné à perpète., Son appel a été rejeté. Mme Ruder a été condamnée à la même peine, son appel a été entendu, et la peine réduite. Pour vice de forme, paraît-il. Quant au fiston, il a écopé de cinq ans, pour meurtre sans préméditation. L'affaire ayant été jugée en 1985, ii est dehors depuis longtemps. Responsable directement et indirectement de la mort de deux jeunes hommes de sa génération, dont un père de famille. A la tête de la fortune maternelle, qui lui permet toujours de s'offrir des vacances aux Antilles. À cet instant précis il est peut-être dans un avion, ou sur son yacht... ou en train de discuter dans un bar. Et nul n'a le droit de citer son nom dans cette histoire. Puisqu'il a payé sa dette à la société.