Résumé de la 2e partie - Mathias, le témoin, rétorque que Johann est un voyou. Il a agi comme le dernier des lâches. Et le témoin disparu ne pourra plus témoigner. Il ne sera pas là le jour du procès, pour dire : «J'ai relevé la tête, j'ai vu la victime tourner le dos, sans défense.» Les circonstances de la mort du témoin ne sont pas élucidées complètement. La voiture qui l'a renversé ne s'est pas arrêtée, personne n'a relevé de numéro, ni même la marque, car il faisait trop sombre. Mathias travaillait souvent tard pour ne pas gêner la clientèle des bars ou des restaurants. Il est mort aux environs de onze heures du soir, en traversant une nationale déserte... Le juge qui instruit l'affaire n'aime pas les coïncidences de ce genre. Pourtant il ne parvient pas à établir de lien entre la mort du témoin et le meurtre. Pas de preuve. Mais quelque part dans un garage d'une autre ville, à des kilomètres de Munich, un certain Ernst Buhler vient d'effectuer une expertise pour sa compagnie d'assurances. Pas grand-chose, une petite voiture heurtée par un autobus. Son travail est vite terminé, il donne son accord au garagiste pour les réparations et s'apprête à partir, lorsqu'un des employés l'interpelle: — Dites, monsieur Buhier, vous pourriez pas jeter un œil sur la Mercedes ? Elle est arrivée hier, et c'est vous qui l'assurez. — Je n'ai pas de mandat d'expertise pour celle-là... — Je sais, elle vient d'arriver, mais vous l'aurez de toute façon, et ça nous ferait gagner du temps... La propriétaire est une enquiquineuse. Mme Ruder, vous connaissez ? Accident de chasse sur sa propriété à ce qu'il paraît, elle s'est payé un chevreuil ! Elle veut sa voiture dans la semaine. Ernst Buhler examine la carrosserie avant, se penche, examine le point de choc. — Un chevreuil, vous dites ? — C'est ce qu'elle a dit ! Elle a dû le prendre à pleine vitesse ! Ernst Buhler connaît effectivement de nom cette Mme Ruder. Une propriété de campagne, un hôtel particulier en ville, un terrain de chasse, un étang, un yacht quelque part aux Antilles, un château, deux ou trois voitures, des chevaux de course. Une bonne cliente pour sa compagnie. A quatre pattes sous la voiture, Ernst Buhler marmonne : — Vous avez touché à la voiture ? — Pas encore, il y a toujours des traces de sang à l'avant droit, vous voyez bien... — Justement, c'est bizarre, je ne vois pas de poils. — Pourquoi des poils ? — Si elle a heurté un chevreuil, il devrait y avoir des poils de chevreuil avec le sang. Quand un automobiliste heurte un sanglier ou un animal sauvage quelconque, on trouve toujours des poils... Et là, je n'ai pas de poils. — Et alors ? — Alors ça m'ennuie. Ne touchez à rien. — Elle va râler... — Elle râlera si elle veut. Ernst Buhler a vingt ans de métier, Mme Ruder est une grosse cliente, certes, mais le métier est le métier. Il téléphone à la compagnie. La compagnie préfère avertir la police, un autre expert est nommé pour effectuer un examen des traces de sang. A suivre