Pression - Le Venezuela a reçu hier de nouvelles réprobations internationales avec l'ONU dénonçant "un usage excessif de la force" lors des manifestations hostiles au président Nicolas Maduro et la condamnation de 17 pays d'Amérique pour "rupture de l'ordre démocratique". Réunis à Lima, ces 17 pays d'Amérique, dont le Brésil, l'Argentine, le Canada, le Mexique et l'Uruguay, ont fait part de leur décision de "ne pas reconnaître l'Assemblée constituante", voulue par le dirigeant vénézuélien et qui vient d'être élue, ni les décisions qu'elle pourrait prendre. Dans un document publié à l'issue d'une réunion de sept heures dans la capitale péruvienne, ils ont apporté leur "plein appui et (leur) solidarité" au Parlement, contrôlé par l'opposition. Ils ont également condamné "le manque d'élections libres, la violence, la répression et la persécution politique, l'existence de prisonniers Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad al Hussein, "plusieurs milliers de personnes ont été placées en détention arbitraire, beaucoup auraient été victimes de mauvais traitements et même de torture". Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a lui regretté que le Venezuela s'éloigne du "chemin conduisant à une solution pacifique". Le président socialiste Nicolas Maduro fait face depuis avril à un vaste mouvement de protestation pour exiger son départ, alors que le pays pétrolier, autrefois le plus riche d'Amérique du Sud, a sombré économiquement. Les manifestations ont fait 125 morts en quatre mois. Ces dernières semaines, les critiques de la communauté internationale, inquiète de la radicalisation du gouvernement, ont fusé de toutes parts, des Etats-Unis, de l'Union européenne ou encore du Vatican. A Caracas, le gouvernement avait réuni mardi ses quelques alliés, parmi lesquels Cuba, la Bolivie, le Nicaragua et l'Equateur, tous membres de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba). Samedi, le Venezuela a été suspendu du Mercosur, le marché commun sud-américain, pour "rupture de l'ordre démocratique". Lundi, le président de la Colombie voisine, Juan Manuel Santos, a brandi la menace d'une rupture diplomatique. Sourd à ces mises en garde, le gouvernement poursuivait la reprise en main des institutions. Pour contourner le Parlement, où l'opposition est majoritaire depuis début 2016, il a installé samedi une Assemblée constituante, qui peut notamment dissoudre le Parlement et réécrire la Constitution du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013. Ses 545 membres, tous chavistes, ont voté mardi leur soutien à l'armée, pièce centrale de l'échiquier politique vénézuélien et principal pilier du pouvoir. Sous les ovations du public, le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino, a réaffirmé le caractère "anti-impérialiste" et "révolutionnaire" des forces armées, qui ne sont pas "des militants politiques". Le département d'Etat américain, dans un tweet de sa porte-parole, a fustigé cette assemblée, rejetée par 72% des Vénézuéliens selon l'institut Datanalisis, comme "le résultat illégitime d'une procédure irrégulière conçue par un dictateur".