InfoSoir : Comment voyez-vous l?aide pour le sourd ? Mme Oumari : La prise en charge du handicapé n?est pas du seul ressort de l?école ou de l?Etat, mais de celui de tout un ensemble, parents, société civile, élus locaux, Etat? afin de permettre à cet enfant de s?épanouir et d?évoluer comme tout enfant normal sans discrimination ni tabou. Il existe des centres qui prennent en charge le handicapé. Certes oui, mais on ne donne pas de chance au sourd, car on l?oblige à suivre une formation professionnelle que généralement il ne choisit pas : la maçonnerie, la menuiserie par exemple sont des formations qui peuvent être dangereuses pour lui. Il y a des sourds qui veulent travailler dans le domaine informatique, mais ils affrontent des problèmes, les centres ne les acceptent pas facilement comme des normaux. Donc il est sous-estimé ? C?est sûr. On sous-estime ses capacités alors qu?il peut prouver le contraire. On sait bien qu?un handicapé a toujours ce complexe et il s?efforce de faire mieux qu?un normal. Avez-vous vu avec les centres ? Oui, mais on fait traîner le sourd. On n?a pas pu insérer un seul enfant de mon école à Bourkika, ni à Birkhadem. il y a une ségrégation totale à l?encontre du sourd. Le centre de Khemisti accepte un certain pourcentage seulement où vais-je caser les enfants ? Un message à faire passer ? Certainement, je voudrais lancer un appel aux autorités pour aider le sourd démuni à se procurer des prothèses numériques qui coûtent très cher, mais peuvent apporter beaucoup à l?enfant, car, grâce à elles, il pourra entendre comme un enfant normal. Le sourd peut faire des merveilles si on le prend réellement en charge, car il est normal. Il faut faire évoluer les mentalités. Les parents doivent faire le dépistage dès la naissance de leur enfant au lieu de le laisser traîner puis l?abandonner dans des centres où il aura à affronter des problèmes. Car les centres n?acceptent pas facilement les sourds. (*) Directrice de l?école pour jeunes sourds de Hadjout