Le chômage est, aujourd?hui, une plaie de la société algérienne : des centaines d?entreprises ont baissé rideau, livrant à l?oisiveté des milliers de jeunes et de moins jeunes? El bit?ala, le chômage, disent les médias arabophones ; al bat?alin, les chômeurs. Chumaj dit la rue qui, elle, préfère employer le mot français. Et avec le mot, on a formé un verbe, chumi, et un nom d?agent, chumer, pluriel chumara. Le verbe m?chumer ne s?emploie pas seulement pour caractériser l?état du chômeur, mais aussi pour décrire une situation où on n?a pas d?argent : rani m?chumer (je suis au chômage) signifie aussi «je n?ai pas un sou» et, dans certains cas,«je suis pauvre», même si, par ailleurs, on a un travail. Dans certains cas encore, mchumer a le sens d?inactif : on emploie le verbe pour dire qu?on n?a rien à faire, qu?on s?ennuie aussi. L?ennui est aussi le lot des hittistes, ces jeunes dés?uvrés : le mot est un hybride de l?arabe hitt? (mur) et du suffixe français formateur de noms d?agent -iste : le hittiste, c?est celui dont la «profession» est de? tenir le mur auquel il est adossé à longueur de journée? Le chômage n?est pas une situation qu?on recherche : au contraire, on la déplore toujours. Ceux qui restent volontairement dans l?oisiveté, refusant le travail, sont? des fainéants, fenyanin ! Ils aiment se prélasser dans l?inactivité, manger et dormir, vivre en parasites aux dépens d?autrui. «Un homme qui ne travaille pas, dit le proverbe kabyle, mets-lui le bât et envoie-le puiser de l?eau?» Situation dégradante mais sans doute méritée, car la société ne supporte pas les parasites. «Wach tâkul el-yum, dit le proverbe, yali mâ yakhdem kul yum» (que mangeras-tu aujourd?hui, toi qui ne travailles jamais ?)