Résumé de la 4e partie Fadhma va habiter chez son frère, au village de Soumeur. Ayant des dons de voyance, elle donne des consultations? Fadhma fait aussi des rêves prémonitoires, des rêves qui lui paraissent clairs comme de l?eau de roche. Un matin, elle se lève, effrayée, et raconte à son entourage le rêve qu?elle vient de faire. «J?ai vu, dit-elle, une nuée de soldats étrangers, entraînant avec eux d?énormes machines de guerre, se lançant à l?assaut du Djurdjura. Ces soldats venaient pour occuper nos villages, détruire nos maisons et nous réduire en esclavage !» Elle parle d?une voix tremblante d?émotion et la description qu?elle fait de l?invasion est si réaliste qu?on ne doute pas un instant qu?il s?agit là d?un rêve véridique, dans le sillage de celui que font les prophètes et les saints. «Une armée étrangère va bientôt nous envahir !» Ce n?est pas la première fois dans son histoire que la Kabylie va faire l?objet d?une attaque, mais cette fois-ci, tout le monde a compris qu?il ne s?agira pas d?une attaque comme celles auxquelles on a été habitué ni d?ennemis traditionnels qui, comme les Turcs par exemple, venaient prélever l?impôt par la force, razzier les villages et s?en aller. L?ennemi qu?on aura à affronter est un ennemi d?un genre nouveau : il veut s?emparer du pays et lui imposer sa loi. D?après des sources, cette vision épouvante les montagnards de Soumeur, mais aussi des villages voisins, qui croient recevoir l?avertissement d?une prochaine invasion et de la guerre qui ne manquerait pas d?éclater. Ici, plus qu?ailleurs, on est jaloux de sa liberté et de son indépendance : personne ne pouvait accepter l?humiliation d?une occupation ! La prédiction de Lalla Fadhma a eu lieu au début des années 1850 ; or, voilà vingt ans, que les Français occupent Alger et d?autres villes importantes et qu?ils avancent à l?intérieur des terres. Dès 1831 même, soit une année après le débarquement de Sidi Fredj, ils se sont lancés à l?assaut de la Kabylie ; ils en ont été repoussés mais ils sont revenus en 1857, s?emparant de places fortes comme Dellys, qui devient une base pour le regroupement de leurs troupes et le lancement des opérations. D?autres villes tombent à tour de rôle : Boudouaou, Tizi Nath Aïsha (actuelle Thénia), Bordj Ménaïel, puis Draâ el-Mizan et Tizi Ouzou. La plaine étant en grande partie conquise, les occupants pensent alors à s?emparer du Djurdjura, fief des Kabyles belliqueux qui, par leurs escarmouches, ont montré leur hostilité à l?envahisseur. Les montagnards de Soumeur, comme ceux des autres régions, devaient être au courant de la situation. Le rêve de Fadhma ? si jamais ce rêve se réalise ? n?a fait que confirmer l?imminence du danger d?une invasion. Quoi qu?il en soit, les gens prennent conscience de la nécessité de se préparer à la guerre et d?assurer la protection des villages. On rapporte que les gens se sont mis à organiser la défense de leurs maisons, à fabriquer de grandes quantités de munitions, balles et poudre à fusil. Des sentinelles étaient postées partout, avec ordre de signaler tout mouvement suspect, toute présence étrangère. Chacun sait que la lutte sera rude et que l?ennemi qu?on aura à combattre est un ennemi implacable qui ne s?arrêtera qu?une fois le pays conquis et ses habitants soumis. Or, ici, la devise est : «Plutôt rompre que plier !» (à suivre...)