Réaction Le logement, l?eau, le gaz et le chômage font sortir les jeunes, munis de gourdins, de gros cailloux et de cocktails Molotov, dans la rue. Barika, Mila, Ouled-Djellal, Skikda? Voilà une liste non exhaustive des foyers de tension où les citoyens, déçus par leurs élus, avaient la violence comme seul et unique langage. On dresse des barricades, on met le feu, on casse tout ce qui représente l?Etat, absent. La colère est à chaque fois à son paroxysme. Les jeunes sont les premiers concernés car les plus touchés par les affres d?un présent morose et des lendemains qui déchantent. L?eau, le chômage, le gaz sont les principaux griefs que ces émeutiers imputent à des P/Apc le plus souvent absents, pour éviter tout contact avec les gens qui les ont pourtant aidés à s?introniser. Mais, le plus souvent, ce sont ces listes d?attribution de logements sociaux, bruyamment contestées du reste, qui allument la mèche pour voir les émeutes durer parfois des journées entières, faisant des bourgades et localités contestataires des zones sinistrées où les désolantes images de casse, de sabotage et de vandalisme crèvent les yeux, honteusement ébahis. Les forces de l'ordre interviennent pour disperser les foules en usant de grenades lacrymogènes. Les manifestants répliquent par des jets de pierres. De violents affrontements entre les deux parties font des blessés et même des morts. Les commerçants baissent rideau par crainte de voir leurs biens saccagés. C?est la désolation. De mai à août, la contesta, violente à bien des égards, nous aura gratifiés d?un florilège pas beau à voir. Et les populations des autres zones, vivant dans la même misère, endurent les mêmes peines et s?endorment avec la même peur au ventre, celle de voir une jeunesse, perdue pour de bon, prendre des gourdins, de gros cailloux et des cocktails Molotov, pour adresser des messages de dégoût à des autorités locales laxistes. Les responsables ne sortent, le buste découvert, que pour calmer des esprits à coups de promesses pompeuses, rarement tenues, faisant croire à ceux qui veulent les écouter que la faute incombe à une centralisation des affaires publiques éternellement reconduites. Devant cet interminable dialogue de sourds, les émeutes ont malheureusement de beaux jours devant elles. Et la facture n?en sera que plus salée, au grand dam du Trésor public, mais aussi du citoyen, l?unique contribuable.