Bien que la télévision couleur ait supplanté la télévision noir et blanc, on les oppose toujours en Algérie. On dit tilivizyu kah?la w baydha (noir et blanc) et tilivizyu mulawana (en couleur), mais on emploie aussi les expressions françaises : nwar i blan et an kuloeur ou, par abréviation, kulur. Depuis plus de dix ans maintenant, les antennes paraboliques font partie du paysage algérien et permettent de capter les chaînes étrangères. Au départ collectives, pour supporter les frais occasionnés par l?achat du matériel et de son installation, elles sont devenues individuelles, les prix ayant considérablement baissé. Le mot parabole est ainsi entré dans les langues algériennes, sous différentes formes : parabol, parabul, barabul? On en a tiré un verbe, mparabuli qu?on a même introduit dans l?usage algérien du français : paraboler «installer la parabole, acquérir la parabole», avec un adjectif «parabolé». La parabole, dans son sens classique, c?est la transmission analogique des images et du son, transmission à laquelle on pouvait accéder sans décodeur. Aujourd?hui, c? est le numérique qui prévaut, au début coûteux, puis devenu à la portée d?un grand nombre. Le mot est bien entendu entré dans le langage : nimirik. Avec le numérique, c?est aussi le règne du piratage, ou plutôt des décodeurs pirates : c?est devenu maintenant une tradition de flasher (le mot est adopté : flachi) régulièrement les démos (encore un autre emprunt : dimo) pour les conformer aux changements de codes ! La parabole, qu?elle soit analogique ou numérique, a eu pour effet d?élargir considérablement l?horizon médiatique des Algériens longtemps soumis à une seule chaîne, de surcroît publique ? les journaux l?appellent ironiquement l?Unique ? il peut recevoir dix, vingt et même plusieurs centaines de chaînes ! C?est encore l?un des miracles de la boîte à merveilles, senduq la?âdjayeb !