Tradition La tapisserie, ce métier de femmes par excellence, a une valeur économique inestimable. Le tapis de laine pure, produit du génie des ateliers familiaux se trouvant dans de nombreuses régions du pays, est, avant tout, une ?uvre d?art qui véhicule des références identitaires et un legs du patrimoine ancestral. Son processus de fabrication est transmis de génération en génération pour devenir ce patrimoine ancestral dont on refuse de se défaire et ce, malgré la concurrence du tapis industriel. Fidèlement préservée dans les régions rurales, la fabrication du tapis artisanal, métier de femmes par excellence, revêt une dimension économique, mais également culturelle qui colporte l?imaginaire social et la tradition orale du milieu sociologique dont sont issus les tisserands. A travers les symboles, les motifs et dessins spécifiques à chaque région du pays, un connaisseur peut aisément localiser l?origine du tapis, a-t-on expliqué en marge de la 41e Fête annuelle du tapis, tenue dernièrement dans la wilaya de Ghardaïa. Parmi les régions d?Algérie qui excellent dans la symbolique artistique sur le tapis, figurent la Kabylie, les Aurès, le M?zab, Tlemcen, les Hauts-Plateaux et le Djebel Amour. Du tapis d?Ath Hichem à celui des Nememcha en passant par ceux de Beni Izguen, de Dhaya Ben Dahoua, de Ksar Chellala, d?Aflou et de Laghouat, la symbolique artistique, propre à chaque région, se manifeste à travers les motifs et autres dessins reproduits magistralement par les doigts des tisserands et les navettes utilisées dans le métier à tisser.Le tapis, produit de l?artisanat familial, a non seulement une valeur économique et commerciale, mais constitue une véritable ?uvre d?art dont l?authenticité est certifiée par la symétrie des dessins et motifs qu?il comporte. Chaque région d?origine du tapis se reconnaît à travers les représentations et figures géométriques ingénieusement réparties, avec des couleurs soigneusement choisies. A titre d?illustration, l?origine des tapis exposés à Ghardaïa à l?occasion de la Fête annuelle du tapis se distingue à travers les dessins et les couleurs. Les tapis des régions des Hauts-Plateaux, du Djebel Amour en allant vers Sougueur, Aflou et El-Bayadh, sont reconnus par leurs dessins réalisés dans un mariage de couleurs rouge, noire et blanche. Le tapis de Ksar Chellala présente un style de tissage bien particulier, comportant une multitude de couleurs et de motifs ; en revanche, le tapis de Ghardaïa se caractérise par un motif central d?apparence végétale représenté par une ligne de palmiers avec une prédominance de deux couleurs (blanc et noir). De son côté, le tapis de Kabylie comporte des figures géométriques (losanges, triangles, zigzags) soigneusement exécutées, reflétant les valeurs morales liées aux m?urs de la région. En marge du salon du tapis de Ghardaïa, les nombreuses significations données par les tisserands aux motifs de leurs tapis véhiculent les repères qui ont un lien avec le milieu sociologique, l?imaginaire social, les traditions et l?environnement.