InfoSoir : Vous avez été le premier à oser parler de trafic d?organes en Algérie? Le Dr Foury : L?affaire des Algériens greffés en Irak sans aucun suivi ni contrôle nous a fait réaliser qu?il existe un réseau dangereux en Algérie. L?association a tiré la sonnette d?alarme. Il n?est pas question que des réseaux pareils existent en Algérie. Est-il vrai que le privé songe à faire des transplantations rénales ? Je suis contre la greffe chez les privés. Si cela se faisait, l?Algérie serait très mal vue. Que peut-on dire de l?hémodialyse en Algérie ? Il faudrait que le service d?hémodialyse devienne autonome dans un hôpital. Il peut être géré par le directeur de l?hôpital, mais sans entrer dans son budget global. Et les moyens ? Les directeurs des hôpitaux sont compétents, mais la tutelle leur impose ce qu?il faut acheter comme matériel sans consulter les néphrologues. Où est le néphrologue dans tout cela ? Le néphrologue a toujours été complètement marginalisé. Pourtant, c?est lui qui passe le plus de temps avec le malade dans les services jour et nuit. C?est lui qui sait ce qu?il faut ramener au malade, ce qu?il faut acheter comme médicaments et acquérir comme matériel. Le malade est-il pris en charge par la sécurité sociale ? La sécurité sociale devrait accompagner le malade, mais ce n?est pas le cas malheureusement. Par ailleurs, la Cnas rembourse 5 400 DA aux cliniques privées alors qu?elle ne rembourse que 1 300 DA aux hôpitaux pour une seule séance de dialyse. Est-ce logique ? Les prix devraient être revus, c?est très important. Vous aidez les malades avec les moyens et les médicaments dont ils ont besoin, mais avez-vous un budget ? Cela fait 10 ans que l?association n?a pas reçu de subvention de l?Etat et nous n?attendons pas cette aide. On vit de l?aide des bénévoles. Qu?en est-il de la loi ? La loi est étouffée. Il existe un vide juridique. L?Aair a-t-elle des projets ? Un Samu social de l?enfant de la rue sera bientôt mis en place, en collaboration avec le ministère de la Solidarité qui nous a soutenus. Les enfants seraient consultés, suivis et repêchés de la rue. L?association luttera contre la pauvreté et aidera beaucoup plus les malades insuffisants rénaux démunis. Un message ? Il faudrait faire confiance à nos néphrologues algériens qui devraient être le centre de décision dans la politique du rein et savoir les écouter. (*) Président de l?Association nationale d?aide aux insuffisants rénaux.