Le 15 avril dernier, un fellah, âgé de 55 ans, a été victime de l?explosion d?une mine antipersonnel alors qu?il travaillait la terre à Biskra. Il a été touché aux membres supérieurs, à une jambe, au ventre et au front. En 2001, dans une mechta à Souk-Ahras, un enfant a été tué sur le coup en compagnie de sa s?ur. Sa maman a eu la jambe arrachée. Et la liste est encore longue. Ils sont tués sur le coup ou amputés des membres inférieurs ou supérieurs ou parfois des deux. Ils sont malvoyants, malentendants et... malades mentaux du fait d?irréversibles traumatismes psychologiques. Quelques-uns, dans leur extrême pauvreté, cherchaient à récupérer les parties métalliques de ces munitions pour les revendre et c?est le drame. Placées dans des puits, enfouies dans le sol, dans les champs ou près des infrastructures (écoles, habitations...), ces mines, à effet de souffle ou à fragmentation, tuent inexorablement et sans discernement à l?Est, à l?Ouest ou bien loin dans le Sud. Elles sont là. Elles sont partout. Héritage du colonialisme puis, bien longtemps après, dans la décennie noire, le résultat du terrorisme. Ces engins de la mort tuent encore et encore, tant qu?on ne les a pas toutes détectées et détruites. Deux membres de la famille Guerfi dans la méchta de Feddene (commune Ouled Driss, Souk-Ahras) ont été tués sur le coup en 2001, alors qu?ils voulaient montrer à leur mère une boîte de conserve trouvée dans le petit jardin familial. Leur maman a eu la jambe arrachée et le petit dernier a été sévèrement touché au flanc. «Une histoire digne des films d?horreur», racontée par le Dr Khelladi Abdellah Bouchnak, directeur de la solidarité au niveau de l?emploi et de la solidarité nationale au cours du premier symposium international sur la mise en ?uvre de la convention d?Ottawa sur l?interdiction des mines antipersonnel, organisé au cours de cette semaine à l?hôtel Sheraton (Club-des-Pins) par le ministère de l?Emploi et de la Solidarité. Les chiffres sont éloquents : plus de 7 000 victimes, plus de 500 veuves de victimes, plus de 950 ascendants de victimes et 974 ayants droit de victimes décédées. Un constat effarant : le nombre des victimes algériennes des mines antipersonnel ne cesse d?augmenter. Conséquence : des familles entières sont brisées lorsque le chef de famille est tué ou mutilé et ne peut reprendre son travail. Plus encore, les terres fertiles sont inexploitées et complètement abandonnées. Le ministère de l?Emploi et de la Solidarité s?engage à assister et à prendre en charge des victimes des MAP ainsi que leurs familles, en leur octroyant des aides financières, des soins hospitaliers et préhospitaliers ainsi qu?une prise en charge psychologique.