Résumé de la 1re partie Dar Sidi Blal ou dar Bambara était, à Alger, le haut lieu où on invoquait, lors de cérémonies et d?incantations, les démons et les génies. A cette époque-là, au début du XXe siècle, le chef des Ouled Sidi Blal était célèbre pour sa connaissance des choses mystérieuses. Il s?appelait, d?après les gens qui l?avaient connu, cheikh Rabah, mais, en fait, personne ne connaissait son véritable nom. Il était un peu comme les génies dont on évitait de prononcer le nom pour ne pas attirer leur attention. Cheikh Rabah, comme tous les chefs de la confrérie, venait du Mali (qu?on appelait à l?époque Soudan) et il connaissait parfaitement l?art de la sorcellerie et de l?exorcisme. Les femmes comme les hommes se pressaient à Dar Sidi Blal pour le consulter. Il était longiligne, ce qui rendait encore plus mystérieux son personnage. Il parlait peu et quand il le faisait, c?était toujours de façon concise. Quand il procède à une séance d?exorcisme, c?est tout un rituel. Il s?agenouille en face de cierges allumés et se fait retirer sa djellaba par un officiant ; la même personne le revêt d?une autre tunique et lui passe autour des reins un tissu rouge et noir, les deux couleurs des djinns. On lui remet alors deux poules qu?il égorge? Au cours de ces cérémonies, de nombreuses bêtes, apportées par les visiteurs, sont égorgées. Le sacrificateur impose alors le couteau encore sanglant sur le front des assistants, manière de les protéger contre le démon? Mais cheikh Rabah n?était pas seulement un exorciste ; c?était aussi un mystique qui s?abîmait dans de longues méditations. On rapporte aussi qu?il avait de nombreux dons parapsychiques, comme celui de lire dans les pensées ou de prédire l?avenir. «Un illusionniste», disent les sceptiques auxquels on rapporte ces faits. «Un prestidigitateur !» Mais ses admirateurs n?en démordent pas : «Il est capable de choses extraordinaires !» C?est ainsi qu?un jour, deux amis qui parlaient de lui, en viennent presque aux mains. «Ton cheikh est juste bon à impressionner les esprits faibles, dit Mohamed. ? Il faut le voir à l??uvre ! Tu changeras aussitôt d?avis ! ? Jamais il n?aura de prise sur moi !» Cette discussion parvient au cheikh, qui fait venir les deux hommes. «Ainsi, dit-il à Mohamed, tu doutes de mon pouvoir et de mes dons ? ? C?est juste de la magie, dit Mohamed? de la magie bonne à convaincre ceux qui y croient ! ? Alors, dit le cheikh, accepte de te soumettre à une expérience. ? Pour que tu m?endormes avec tes vapeurs et que tu fasses croire ce que tu veux ? ? Je n?utiliserai pas de vapeurs, dit le cheikh. ? Pas de magie ? ? Pas de magie ! J?aurais juste besoin d?une bassine d?eau.» Mohamed fait la moue. «De l?eau que tu puiseras toi-même au puits de la cour. ? Alors, j?accepte, dit Mohamed. Mais si je ne ressens rien au cours de cette expérience, tu reconnaîtras que tu ne possèdes aucun don caché ? ? Oui», dit le cheikh. (à suivre...)