Résumé de la 4e partie n A Alger, où il s?installe au début du XXe siècle, Omar travaille dans une gargote pour un salaire misérable. Six mois passent. Omar s?est familiarisé avec la ville : il connaît désormais La Casbah, ses rues, ses boutiques et ses gens. Il lui arrive de descendre dans la ville européenne, quand son patron l?y envoie pour des courses, mais c?est La Casbah qu?il aime? Il est devenu un véritable Algérois ! Il cherche du travail et attend de trouver quelque chose de mieux pour quitter son patron, qui l?exploite toujours durement. Il bat justement le pavé quand, en passant par une ruelle, il entend un étrange bruit de tambour et des cris étouffés. Et il voit des femmes voilées, portant des couffins, entrer par une porte qu?ouvre et ferme un Noir, vêtu d?une djellaba blanche. ? Qu?est-ce que c?est ? demande-t-il à un passant. ? Tu ne connais pas Dar Soudan, la confrérie de Sidi Blal ? ? Non, dit-il. L?homme lui explique, en quelques mots de quoi il s?agit : c?est l?une des maisons tenues par la confrérie noire de Sidi Blal, le tambour et les cris proviennent d?une séance d?exorcisme. ? On y pratique l?exorcisme ? ? Oui, dit le passant, amusé par l?air étonné de Omar, tu n?es pas d?ici, toi ! ? Non, avoue-t-il. Et que font toutes ces femmes avec des couffins ? ? Elles viennent en consultation et les couffins contiennent des offrandes ! ? Des offrandes ? ? Oui, des poulets, de la nourriture, on donne aussi de l?argent ! ? De l?argent ! Les yeux de Omar s?écarquillent de convoitise : des poulets, de la nourriture, de l?argent? Il ne va penser qu?à cela, toute la journée et toute la nuit, imaginant tout ce que les gens de la confrérie ? au vu des femmes qui défilent chez eux ? peuvent collecter. Il se rappelle que dans sa région d?origine aussi, on pratique l?exorcisme. Les mausolées des saints et les zaouias ne désemplissent pas toute l?année et, en dépit de la misère endémique qui règne dans les villages, les gens font des offrandes. Il y a aussi les sorciers qui travaillent dans l?ombre, les incantateurs, el-?azamine, qui chassent les mauvais esprits, les «médecins», t?aba, qui soignent les maladies du corps et de l?âme à coups d?herbes et de potions magiques? Des gens très sollicités, qui doivent gagner beaucoup d?argent ! Et une idée germe dans sa tête : et s?il entrait dans le métier ? Il n?a pas, bien sûr la prétention de se faire passer pour un saint (il a trop peur de la malédiction des saints, auxquels il croit), mais il peut toujours faire incantateur, voire sorcier ! Ce n?est pas sorcier? d?être sorcier ! Il a fréquenté, quand il était petit, l?école coranique de son village et il sait écrire en arabe. Il suffit de tracer quelques caractères sur un bout de papier, avec de l?encre dorée ? il a déjà vu des talismans ? et le tour est joué ! Et à lui les offrandes, l?argent, la notoriété ! Cette idée ne va plus le quitter, mais pour jouer au sorcier, il lui faut un local dans la ville? Ne serait-ce qu?un petit réduit où il pourrait vivre et recevoir les clients ! (à suivre...)