Réussite n Combien de Hadj Seddouk courent les rues de nos villes et villages les plus reculés qui n?ont pas eu la chance de se retrouver à l?Académie des sports du Caire ni d?avoir signé une simple licence dans un petit club de division inférieure ? C?est un véritable conte de fées des temps modernes que vient de vivre le jeune Bouziane Hadj Seddouk qui, le temps d?une émission-concours organisée par le désormais géant de la téléphonie mobile Djezzy, est passé de l?anonymat de son statut de berger au rang de star, intégrant le club anglais de Newcastle. Hadj Seddouk a remporté haut la main et grâce notamment au vote de ses compatriotes le concours panarabe Djezzy SoccaStars, une sorte de Star Academy pour footballeurs, qui a réuni 600 joueurs issus du monde arabe. Coïncidence ou fait de l?histoire, le plébiscite de l?enfant de Sidi Lakhdar, une bourgade à l?est de Khemis Miliana, survient au moment où le football, à travers ses résultats et sa gestion, creuse le fond de sa décadence. Au moment où une rencontre de Nationale I entre les deux meilleures équipes d?un championnat de pacotille a failli tourner au drame à cause d?une irresponsable rivalité de leurs présidents, une pépite d?or est sortie de nulle part. L?événement en lui-même, non médiatisé malheureusement par la presse, est une gifle pour les détenteurs du pouvoir footballistique et leurs relais dans le «milieu». Comment se fait-il qu?aucun filet de prospection n?ait réussi à pêcher ce joyau venu du fin fond de l?Algérie profonde ? La réponse est toute simple : il n?y a aucun véritable filet de prospection qui puisse dénicher les futures graines de stars de notre football, comme c?est le cas dans les favelas de Rio ou Bahia, dans les rues poussiéreuses d?Accra ou les terrains vagues de Yaoundé. Il serait trop simpliste de notre part de se laisser vite piéger par l?effet show-biz de la «SoccaStars» ou de minimiser les efforts consentis sur le terrain par d?anonymes bénévoles afin que survive le ballon rond chez nous, mais la consécration de Hadj Seddouk est un véritable signe. La preuve que la matière brute existe, il suffit d?aller la chercher et de la travailler sérieusement selon les normes admises. En voyant Hadj Seddouk, et son regard pétillant de bonheur et de cette naïveté propre au petit peuple d?Algérie, j?ai pensé à ses parents qui viennent menacer le pauvre entraîneur du coin ou lui proposer une tchipa pour faire jouer son fiston ou bien ces présidents de club qui font du business sur le dos des jeunes catégories. Les recruteurs (qui sont-ils d?abord ?) algériens courent-ils vraiment les rues ou bien confie-t-on n?importe quoi à n?importe qui ? Aujourd?hui, non seulement Djezzy finance les clubs, mais elle prospecte à leur place puisque l?opérateur va offrir les dix meilleurs joueurs algériens aux clubs de l?élite. Ces derniers, une fois convaincus de la qualité de la marchandise, vont certainement se bousculer pour s?arracher le talent de tel ou tel joueur. Il arrivera même qu?on proposera des sommes mirobolantes que? Djezzy leur a données en partie pour s?offrir une graine déjà sélectionnée. Au moins celle-là différera de ces joueurs de pacotille pour lesquels on étale des tapis de billets. Un petit clin d??il tout de même au RC Kouba, ce club formateur par définition et avant tout, qui l?a repéré lorsqu?il était minime mais que son père a empêché de rejoindre le club. Comme Kouba, d?autres clubs et tous ces petits footballeurs qui courent à travers tous les terrains d?Algérie ont besoin qu?on s?occupe d?eux, qu?on investisse en eux pour pouvoir relever la tête un jour. Sinon, ce seront les autres, comme Newcastle, qui en bénéficieront.