Analyse n La dévalorisation de la ressource humaine constitue, selon les experts, l?une des causes de la faillite des entreprises publiques. Les administrations publiques ont connu, ces dernières années, avec l?apparition des multinationales, un phénomène de «migration» de leurs employés vers ces dernières. Un état de fait qui peut être expliqué par les opportunités offertes par ces entreprises aux employés : un meilleur cadre de travail, une rémunération intéressante et notamment la possibilité d?évolution et de formation continue aussi bien en Algérie qu?à l?étranger. Le travail dans les administrations publiques constitue donc un «passage obligatoire» pour acquérir le minimum d?expérience requise avant de postuler pour un emploi dans les sociétés privées. Les témoignages allant dans ce sens ne manquent pas. Hamid, 28 ans, ingénieur en télécommunications, a exercé dans une administration publique durant trois ans avant d?opter, dernièrement, pour une société de téléphonie mobile. «En dépit de la faible, plutôt de la symbolique rémunération, et de l?absence de motivation, j?ai patienté durant trois années, car je savais que les opérateurs privés exigent, outre le diplôme dans le domaine d?activité, une expérience de deux années au minimum. Je ne me suis pas du tout trompé car, actuellement, je suis on ne peut plus satisfait. Le cadre de travail, le salaire, les stages de formation continue et de recyclage sont autant de motivations qui m'incitent à toujours déployer des efforts supplémentaires?» Ce jeune ingénieur déplore l?absence de récompense et de valorisation de la ressource humaine au sein des établissements étatiques. D?autres cadres ayant exercé durant plus d?une dizaine d?années au sein des administrations publiques ont été, eux aussi, contraints d?opter pour les opérateurs privés. «Est-il concevable, aujourd?hui, qu?un cadre ayant acquis suffisamment d?expérience soit rémunéré par un salaire ne dépassant pas les 14 000 DA ? L?accès à la fonction supérieure reste malheureusement à la portée de ceux qui ont un appui quelque part. Si le statut de la Fonction publique n?est pas révisé dans les plus brefs délais, des centaines de cadres compétents seront, certainement, forcés de déposer leur démission», constate A. Saïd, expert-comptable, recruté depuis deux mois par une multinationale, au sud du pays.