Résumé de la 27e partie n Son trafic devenant trop dangereux pour lui, Lenny décide de revenir vivre à New York. Il doit avoir une discussion avec sa tante Lilly. ll se tint immobile dans l'embrasure. Star lui tournait le dos et Lilly l'écoutait réciter son texte pour le futur spectacle de Noël. Lilly ne l'avait pas vu, et il resta à l'arrière-plan sans rien dire tandis que Star, assise en tailleur sur le lit de sa nonna, le dos droit, ses boucles blondes s'échappant de sa barrette, déclamait : «Oh, Joseph, peu importe qu'ils ne veuillent pas de nous à l'auberge. L?étable nous abritera, et l'enfant ne tardera pas à arriver.» «Bella, bella Madonna ! s'exclama Lilly. La Sainte Vierge sera sûrement très heureuse d'être représentée par toi.» Elle soupira et saisit la main de la petite fille. «Dès aujourd'hui je vais te confectionner une tunique blanche et un voile bleu que tu porteras à la fête, mia cara Stellina...» Lilly a l'air sérieusement malade, se dit Lenny. Elle avait le teint gris et des gouttes de sueur couvraient son front. Il s'apprêtait à s'avancer et à lui demander comment elle se sentait mais il se retint, fixant d'un regard sombre le dessus de la commode. Il était couvert de reliques religieuses et de statuettes de la sainte Famille et de saint François d'Assise. Certes, cette vue lui était familière ? Lilly avait toujours été bigote ? mais il se souvenait encore avec amertume du jour où sa tante, des années auparavant, avait découvert le calice d'argent dont il avait ôté le diamant. L'affaire avait fait un raffut du diable dans les journaux, à l'époque ; le vase volé ayant appartenu à un évêque célèbre. Le mettre au clou n'aurait pas été malin de sa part ; pour les quelques dollars qu'il aurait pu en tirer, le risque était trop grand. Non, il avait préféré fourrer l'objet de son larcin dans le fond de sa penderie, espérant s'en débarrasser un jour, dans une autre ville, peut-être. Plus tard, Lilly s'était lancée dans une de ses séances de nettoyage et avait découvert le vase. Elle avait dit qu'il ressemblait à un calice, l'obligeant à inventer à la hâte une histoire à dormir debout selon laquelle il appartenait à la mère de Star, Rose. Il avait raconté que l'oncle de ladite Rose, prêtre de son état, le lui avait laissé avant de mourir. Naturellement, Lilly l'avait si bien astiqué que l?argent brillait comme s'il était flambant neuf et elle l'avait disposé avec les autres statuettes. D'accord, Lilly était heureuse de pouvoir l'admirer tous les jours, pensa Lenny, et il avait été bien inspiré de ne pas l'avoir mis au clou à l'époque. Il était probable que personne ne s'en préoccupait à présent. Malgré tout, il se demanda quelle était sa valeur et combien il pourrait en tirer. Au moins, Lilly n'avait-elle jamais eu connaissance du billet qui avait été épinglé à la couverture de Star. Il l'avait conservé au cas où quelqu'un chercherait à savoir quelles étaient les origines de l'enfant, au cas où lui-même devrait prouver qu'il ne l'avait pas kidnappée. Il l'avait dissimulé dans un interstice entre le dernier rayonnage de sa penderie et le mur. Lilly ne pourrait jamais l'atteindre, même avec un plumeau. (à suivre...)