Résumé de la 4e partie n Eliane est convaincue que l?une d?elles va mourir ce soir-là, mais, elle ne peut fuir et laisser son «bourreau» en pleine crise d?hystérie. Allongée par terre, une balle dans la tête, c'est Thérèse que les gendarmes découvrent. Eliane est pétrifiée. Elle déclare d'abord qu'à bout de nerfs, à bout d'insultes, elle est allée chercher le revolver pour faire peur à Thérèse, puis qu'elle a tiré, dans une crise de colère subite. Plus tard, Eliane modifie cette déclaration. «En fait, dit-elle, j'ai pris l'arme, je la lui ai tendue, j'étais exaspérée, elle l'a approchée de sa bouche pour se suicider, ou faire mine de se suicider, j'ai voulu l'en empêcher, il y a eu une bousculade et le coup est parti accidentellement.» Explication plus plausible, qui facilite la défense. Mais au fond, Thérèse n'a-t-elle pas cherché délibérément sa mort ? Elle la voulait, la réclamait, probablement de la main de sa maîtresse, afin de parfaire la destruction de l'être qu'elle disait aimer et de l'entraîner avec elle. Pour la réduire, la contraindre à faire le geste qu'elle ne parvenait pas à accomplir elle-même. Son désir de suicide devait passer par une exécution. Ou alors Eliane a tiré dans l'affolement, pour se préserver. Ou bien encore, entre ces deux femmes hors d'elles dans la lutte qui les opposait, dans les hurlements de celle qui criait : «Je vais me tuer !» et ceux de l'autre qui répondait : «C'est moi que tu veux tuer !», l'arme a choisi sa cible au hasard. En mars 1993, après deux années d'emprisonnement, Eliane est devant les assises. Elle a trente-cinq ans, l'air d'une adolescente pâlotte et mal dans sa peau. L'accusation maintient la version de l'homicide volontaire, s'en tenant à la première déclaration d'Eliane : «J'ai tiré dans un accès de colère.» Et les témoins défilent. Il est rare, dans un procès d'assises, d'une part qu'il n'y ait pas de partie civile, et d'autre part que les témoins s'emploient à diaboliser ainsi la victime. Le prêtre du village dit qu'il a tenté d'envoyer un exorciste voir Thérèse pour la débarrasser de ses sorcelleries. Mais lorsque l'homme de l'art s'est présenté chez l'envoûteuse, ou l'envoûtée, l'alcool qu'elle avait ingurgité ne lui a même pas permis de s'exprimer. Le même prêtre fait l'éloge d'Eliane, il n'a rien à lui reprocher ; au contraire, la victime c'est elle. Un peintre qui a connu Thérèse au temps de son talent décrit ses manigances insupportables, au point qu'il lui a même crié un jour : «Arrête ou je te tue !» (à suivre...)