Résumé de la 45e partie n Dès son arrivée à Washington, Pat reçoit un appel de Luther Pelham, impatient d'en connaître davantage sur le sénateur Jennings. A Boston, elle vivait dans un studio semblable à ceux de tous les autres jeunes journalistes. Il ne lui était pas venu à l'esprit que l'ameublement luxueux et les objets de prix de cette maison pouvaient donner à penser. Elle s'efforça de prendre un ton désinvolte. «Mes parents ont l'intention de s'installer prochainement dans une résidence. Le grenier à la maison était bourré d'affaires de famille et ma mère m'a dit que si je les voulais, c'était maintenant ou jamais.» Luther s'installa dans le canapé et prit le verre quelle avait posé devant lui. «Je sais une chose, c'est qu'à votre âge, j'habitais le YMCA.» Il tapota le coussin à côté de lui. «Venez vous asseoir ici et parlez-moi de notre ville.» Oh, non, pensa-t-elle. Pas question de me draguer ce soir, Luther Pelham. Sans tenir compte de son invite, elle s'assit dans le fauteuil de l'autre côté de la table, face au canapé, et entreprit de lui faire un compte rendu de ce qu'elle avait appris à Apple Junction. Ce n'était pas particulièrement instructif. «Abigail a peut-être été la plus jolie fille de la région, conclut-elle, mais elle n'était certes pas la plus populaire. Je comprends à présent pourquoi elle appréhende de revenir sur le passé. Jeremy Saunders dira pis que pendre d'elle jusqu'au jour de sa mort. Elle a raison de craindre qu'en attirant l'attention sur l'élection de Miss Etat de New York, on pousse ses vieux copains à raconter comment ils ont contribué de leurs deux dollars à la vêtir de la tête aux pieds en vue du concours d'Atlantic City pour la voir se défiler ensuite. Miss Apple Junction ! Regardez cette photo.» Luther émit un sifflement en la voyant. «Difficile de croire que cette grosse dondon puisse être la mère d'Abigail !» Il passa à une autre idée. «Entendu. Elle a de bonnes raisons de vouloir oublier Apple Junction et ses habitants. Je croyais avoir compris que vous pourriez récupérer quelques trucs intéressants sur le plan humain. — Cela sera réduit à sa plus simple expression. Vues de la ville, de l'école, de la maison où elle a grandi, puis une interview de la directrice, Margaret Langley, racontant comment Abigail se rendait régulièrement à Albany pour assister aux débats parlementaires. On conclura par la photo de classe dans l'album annuel. Ce n'est pas énorme, mais c'est déjà quelque chose. Le sénateur doit se faire à l'idée qu'elle n'est pas un ovni descendu sur terre à l'âge de vingt et un ans. De toute façon, elle a accepté de participer à cette émission. Nous ne lui avons pas donné le contrôle sur la création, j'espère ? — Sûrement pas le contrôle, mais un certain droit de veto. Ne l'oubliez pas, Pat. Nous ne faisons pas seulement cette émission sur elle ; nous la faisons avec elle et son accord pour l'utilisation des témoignages de son passé est essentiel.» (à suivre...)