Bonnet électronique vissé sur la tête, le scientifique autrichien, Peter Brunner, fixe, rigide, l'écran d'un ordinateur portable. Et là, sans même battre un cil, il commence à composer, lettre à lettre, un message sur un écran géant au-dessus de sa tête. «B-O-N-J-O-U-R», écrit-il du seul pouvoir de sa pensée. Brunner et deux de ses collègues du Centre public américain de recherches de Wadsworth, à New York, y faisaient la démonstration d'une nouvelle interface cerveau-ordinateur. Grâce aux deux douzaines d'électrodes insérées dans le bonnet, cet étonnant équipement capte les signaux électriques émis par le cerveau et les numérise pour qu'ils soient traduisibles par l'ordinateur. Sans intervention des nerfs ou des muscles, l'interface «peut offrir une possibilité de communication et d'autonomie à des gens qui sont totalement paralysés» et qui ne peuvent ni parler, ni se mouvoir, explique un autre chercheur du centre de Wadsworth. Les scientifiques travaillent depuis près de vingt ans à la conversion de la pensée en action, mais la technique commence juste à sortir des laboratoires. Désormais, le pouvoir de l'esprit n'est plus seulement du domaine de la science-fiction ou du cirque, avec ses pseudo-mages tordeurs de cuillères. Car la nouvelle interface pourrait améliorer considérablement la qualité de vie de 100 millions de patients dans le monde, dont 16 millions de personnes souffrant de paralysie cérébrale et au moins 5 millions victimes d'une rupture de la moelle épinière, selon la même source.