Déboires n Au théâtre de verdure s'est tenue la réunion ordinaire du conseil d'animation et d'orientation de la fondation Casbah, présidée par Ali Mebtouche. Une fois encore, le sort et le devenir de La Casbah ont été abordés lors de cette rencontre où il a été rappelé l'engagement de la Fondation (une organisation œuvrant à lutter pour la sauvegarde et la réhabilitation du site, donc de sa restauration et de sa mise en valeur aux plans culturel, historique et social) à déployer autant de ressources matérielles qu'humaines pour la sauvegarde du site. Pour Abdelkader Amour, membre actif de la Fondation, il est désormais question de doter La Casbah d'un plan, voire d'un programme d'action permanent et concret. «Il faut la doter de prérogatives», a-t-il dit, reconnaissant néanmoins l'engagement des instances concernées en faveur du site. «Il faut reconnaître que les autorités ont pris l'initiative de prendre en charge la restauration de quelques bâtisses, notamment les palais et les mosquées», a-t-il souligné, déplorant toutefois que leur engagement reste limité. «Aucune intervention n'a été, en revanche, prise en faveur des édifices particuliers par les pouvoirs publics», a-t-il lancé, sachant que l'aide de l'Etat concernant les propriétés privées était prévu dans le décret de 1998 relatif à la protection des biens culturels. «Huit ans après, aucune opération n'a été entreprise», s'est-il désolé. D'où, pour lui, la nécessité désormais de mobiliser, autour d'une association qui existe déjà, tous les propriétaires pour faire pression sur les autorités concernées, espérant ainsi obtenir leur droit et, du coup, parvenir à sauver ce qui reste à sauvegarder de La Casbah. Car, faut-il le rappeler, La Casbah a perdu, depuis, des pans entiers de son tissu urbain, un paysage qui se rétrécit au fil des jours comme une peau de chagrin. M. Babaci a, pour sa part, évoqué les raisons du dysfonctionnement de la gestion relative à la restauration du site. «La restauration de la Casbah est mal gérée», a-t-il déclaré, ajoutant que si cette gestion est menée avec maladresse et d'une façon éparpillée, «c'est seulement parce qu'il y a plusieurs pôles de décision», évoquant, à titre d'exemple, les ministères de la Culture, de l'Intérieur, des Finances, ainsi que le gouvernement, la wilaya et les autorités communales. Ou encore parce qu'elle est confrontée à une bureaucratie incommensurable. «Un ministre, un wali s'en va, un autre arrive et tout ce qui a été entamé avant est balayé d'un revers de la main.» Et de préciser, par ailleurs, que «La Casbah et ce, au plan de la restauration, ne doit pas être gérée de la même manière qu'une commune, mais doit être prise en considération comme étant une mémoire historique, un bâti ancien». Pour finir, les membres de la Fondation suggèrent, pour réussir le plan de restauration, de réfléchir à la mise en valeur du site selon les nouvelles données économiques du pays, c'est-à-dire «la nécessité d'envisager la réhabilitation du site en termes de rentabilité». Tout le monde croit que le glas a sonné pour La Casbah, vu le niveau de sa dégradation, mais rien n'est encore perdu. Tant qu'il y a un mouvement actif de mobilisation, il y a l'espoir de voir, un jour, La Casbah recouvrer sa splendeur d'antan. De la persévérance, de la volonté et une forte conviction, le tout aide à sauvegarder le site qui recèle toute la mémoire des Algérois et une partie importante de celle de l'Algérie.