La proposition du gouvernement libanais de procéder au déploiement de 15 000 soldats de son armée à la frontière avec Israël, immédiatement après le retrait des troupes israéliennes semble faire accélérer les choses au plan diplomatique. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a estimé, ce mardi, que la proposition libanaise de déployer l'armée au Liban-Sud était «un pas intéressant que nous devons examiner. Nous devons en vérifier tous les aspects et dans quelle mesure il est réalisable dans un temps raisonnable», a déclaré M. Olmert lors d'une conférence de presse. De son côté, la résistance libanaise du Hezbollah avait exprimé, lundi soir, son accord pour le déploiement de l'armée libanaise au Sud-Liban, à la frontière avec Israël, selon le ministre libanais de la Défense, Elias Murr. Lors d'une intervention télévisée, Elias Murr a déclaré que «les ministres du Hezbollah, membres du gouvernement, ont appuyé la décision d'envoyer l'armée», ajoutant que la décision a été prise «à l'unanimité» au sein du Conseil des ministres. M. Murr a également indiqué que la décision d'envoyer 15 000 soldats au Sud-Liban «est un message fort à la communauté internationale et au Conseil de sécurité de l'ONU». Hier soir, le gouvernement libanais a pris Israël de court en annonçant sa décision d'envoyer ses troupes sur la frontière. «Le gouvernement affirme qu'il est prêt à déployer 15 000 soldats au Liban-Sud dès le retrait des forces israéliennes et qu'il fera appel à la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) pour faciliter ce déploiement», a déclaré le ministre libanais de l'Information, Ghazi Aridi. «Là où l'armée sera déployée, elle sera la seule force sur le terrain», a précisé M. Aridi, évoquant de facto un retrait des miliciens chiites du Hezbollah de la région. Jusqu'à présent, le Hezbollah était opposé à la résolution 1559 de l'ONU de septembre 2004 qui exige notamment le déploiement de l'armée libanaise à la frontière avec Israël. L'exigence d'un retrait israélien du Liban-Sud rencontre l'opposition d'Israël, qui ne souhaite retirer ses soldats qu'après le déploiement d'une force multinationale, et a prévenu que ses opérations militaires se poursuivraient d'ici à là. Sur le plan diplomatique, Fouad Siniora a obtenu des pays arabes, en réunion extraordinaire à Beyrouth, un soutien indéfectible pour tenter d'imposer à New York des modifications au projet franco-américain de résolution visant à faire cesser les combats. Une délégation de la Ligue arabe est ainsi partie à New York pour tenter d'amender le texte franco-américain, notamment sur la question d'un retrait des troupes israéliennes du Liban.