Personnage effacé, barricadé derrière des pages d'histoire, isolé au milieu des phrases, des mots. Il est une virgule ponctuant les personnages, les auteurs et leurs «enfants». Souvent entre deux âges, le bouquiniste passe son temps à expliquer l'essentiel du livre à une clientèle souvent assoiffée. L'existence des bouquinistes signifie deux choses. La première est que l'Algérien est un lecteur qui a besoin d'acheter des livres. L'autre facteur est la place de la culture d'une manière générale et du livre en particulier. Souvent, ils sont assimilés à des vendeurs à la sauvette par les policiers qui passent leur temps à leur saisir leurs livres, les pourchassant d'un endroit à un autre. Le livre n'a pas encore sa place dans nos murs, dans nos esprits non plus. Discuter avec la majorité des bouquinistes, c'est se rendre compte du lien indéfectible qu'ils ont avec le livre. «Ce n'est pas pour m'enrichir que je vends des livres, mais parce que j'aime leur compagnie», dit l'un d'eux, affirmant du coup, qu'il est un «gros» lecteur. Un lecteur qui tente de «contaminer» les autres. Son virus atteindra-t-il un jour les hautes autorités de l'Etat ?