Parmi les ex-Six qui annoncera officiellement sa candidature pour le prochain scrutin ? Dressons d?abord ce parallèle entre deux hommes. En 1999, Liamine Zeroual, alors chef de l?Etat, visiblement las de tenir les rênes du pouvoir, décide d?écourter son mandat et annonce une présidentielle anticipée qu?il promet ouverte et libre. En 2003, à quelques mois de la présidentielle d?avril 2004, le successeur de Liamine Zeroual ne délivre aucun signe de lassitude qui aurait laissé penser que l?homme serait prêt à renoncer à un second mandat.Au contraire, la crise qui secoue l?ex-parti unique, confronté à un mouvement d?opposition dit de redressement du FLN drivé par un proche de Abdelaziz Bouteflika, le ministre d?Etat, ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, en l?occurrence, aura incité la classe politique ainsi que la presse à tenir pour presque certaine l?intention de Abdelaziz Bouteflika de postuler une seconde fois au poste de président de la République. Si donc en avril 1999, 7 prétendants au trône, parmi les ténors (Bouteflika, Aït Ahmed, Hamrouche,Taleb Ibrahimi, Khatib, Sifi et Djaballah) ont pu se présenter, cela s?est fait face à un président démissionnaire avec en toile de fond l?engagement de l?ANP à observer la neutralité. Le même engagement a été réitéré par le général de corps d?armée Lamari, et tout le monde aura relevé la référence à Abdallah Djaballah, candidat islamiste à propos duquel l?armée s?est dit prête à l?adouber s?il est élu en 2004. Mais Djaballah est un des 7 «cavaliers» ayant pris part à l? élection de 1999. Celle-ci, il ne faut pas l?oublier, était couplée à une revendication éthique et démocratique en ce sens que les 6 candidats opposés à Bouteflika, perçu comme l?homme du pouvoir, entendaient ne pas servir de simples faire-valoir à des élections dont le gagnant est connu d?avance. Aussi, le retrait spectaculaire des Six, motivé par le spectre de la fraude qui commençait à peser sur le scrutin, même minimisé, a-t-il fait son effet. Quel candidat parmi les Six acceptera-t-il de se déjuger en s?impliquant dans ce prochain scrutin dont la transparence n?est pas assurée ? Et à quoi alors aura servi le retrait si l?un des candidats accepte de se mouiller dans des élections qu?il avait lui-même auparavant dénoncées ? On ne connaît pas jusqu?au jour d?aujourd?hui de déclarations émanant des ex-candidats (hormis celle du parti El -Islah de Djaballah) qui auraient laissé transparaître leur désir de prendre part aux élections qui s?annoncent, et tout ce qui se dit sur leur éventuelle participation n?est en fait que pure spéculation. Si le duel Bouteflika-Benflis continue à tenir le haut du pavé et si les choses restent en l?état, le scrutin prochain risque de se tenir sans les ténors, du moins sans les plus importantes personnalités politiques que compte le pays.C?est ce qui explique peut-être toute cette campagne avant terme focalisée sur deux figures qu?autrefois tout réunissait. Ne dit-on pas que la nature a horreur du vide ?