Constat n Il n'existe aucun centre de recherche en sociologie politique, aucune étude sur le comportement politique et électoral de l'Algérien. C'est le flou total. Selon le politologue Mohamed Hachemaoui, le rapport avec la politique diffère d'un Algérien à un autre. Il explique que l'âge, la génération, le rang social déterminent ce rapport, citant les anciennes générations : pour certains «la politique était au cœur de leur socialisation» alors que d'autres rejetaient la politique. Chez les jeunes générations, il y a un faible intérêt pour la politique du fait de la dépolitisation de ces dernières années. Les jeunes préfèrent le trabendo, la télé, estime-t-il, constatant un recul de l'activité politique, un désintéressement par rapport à la vie politique. Ceci est une tendance lourde, selon lui, mais pas irréversible. Loin de là. Concernant ce constat, plusieurs explications sont avancées. «C'est une forme de sanction de la part des Algériens contre la politique prônée par le régime.» Et à l'intérieur de cette tendance, plusieurs motivations, dont les principales sont l'apathie et la forte politisation de la population à un moment donné, ont paradoxalement provoqué la désaffection. La population tourne le dos à la politique. Ce recul s'explique, par ailleurs, par une foule de raisons. L'accès à la scène politique a toujours été réservé par le système à ses seuls privilégiés, à sa clientèle. L'état d'urgence et les lois d'exception n'encouragent pas non plus l'adhésion des citoyens à la vie politique. La focalisation du débat politique national sur la seule question du terrorisme, évacuant de fait les vraies questions de fond, comme le devenir économique de la nation, ne suscite guère l'enthousiasme des populations qui savent qu'elles sont «bernées» dans ces choix politiques. Les nouveaux partis sont, quant à eux, les clones naturels du parti unique du moment qu'ils ont le même fonctionnement basé sur le clientélisme, l'affinité familiale, régionale... Le problème démocratique se pose, en effet, avec acuité dans la plupart des partis politiques nationaux, toutes tendances confondues. Le chef est toujours celui qui commande et décide unilatéralement au détriment des statuts du parti et du règlement intérieur. Faut-il une nouvelle forme de représentativité de la classe politique en Algérie ? Il faudrait plus qu'une nouvelle représentativité, mais refonder la philosophie politique et ses principes pour les adapter au contexte actuel. L'Algérien, consommateur par excellence de tous les produits, prend les idéologies conçues pour d'autres sociétés, se les approprie, en les faisant siennes. Ne serait-t-il pas judicieux, dès lors, de tâter le terrain sur ce plan, de formuler des idées, des concepts qui prennent en considération à la fois les aspirations des populations et les exigences de l'époque à tous les points de vue ?