Similitude n Les deux sites ont la particularité d'être menacés de connaître des sorts similaires de déperdition, si aucune démarche n'est entamée pour leur sauvegarde. Le café Roummana (café du grenadier) et le Ferrane (four banal) du vieux quartier populaire de R'hiba, espaces au passé séculaire, marquent par leur importance l'histoire de la cité, notamment, au plan socio-économique et d'échanges. Ainsi, le café Roummana, qui tient son appellation du grenadier se dressant en son centre, recèle un passé très riche en événements. La légende attribue dix siècles d'âge à cet arbre. Autrefois fondouk, lieu d'hébergement et d'accueil, il a été construit au XIIe siècle pour les Andalous en partance pour le pèlerinage à La Mecque. Il a servi également de lieu de négoce des peaux, des cuirs et du café, avant de devenir un café durant la colonisation. Appelé, auparavant «café maure», cet endroit s'est caractérisé par la préparation de café et de thé d'un goût succulent très prisés par la clientèle, surtout les habitués qui viennent parfois de loin. «Le goût de son thé est irremplaçable, tellement sa préparation observait tout un rituel», rappelle un de ses anciens habitués. Situé en plein cœur de la médina, ce café a été un lieu de rendez-vous et de contacts pour les moudjahidine pendant la Guerre de Libération nationale, rappelle-t-on. Tout aussi important, le Ferrane de R'hiba ne survit, aujourd'hui, que grâce aux propriétaires de kiosques qui y font cuire sur place la chamia, un gâteau de semoule très prisé durant le ramadan et font griller les cacahuètes. Les voisins de Ferrane R'hiba n'utilisent ce four banal qu'épisodiquement, pour la cuisson des gâteaux de l'Aïd El-Fitr et de la viande pendant l'Aïd El-Adha. Situé sur la place centrale du quartier appelée Tahtaha, un espace public de R'hiba, ce four a rendu d'énormes services à ses habitants. Des pains aux multiples formes, diamètres, dessins et qualités, y ont été cuits au bois, donnant un goût parfait et inégalé à ce produit nutritif de base. En dépit de cet abandon, il continue de fonctionner au bois pour ses clients qui continuent à privilégier le pain cuit au four. «Bien qu'en petit nombre, ceux-ci m'encouragent dans la poursuite de ma mission», indique le patron du four de R'hiba. En effet, le four se retrouve aujourd'hui dans un site encombré de bus, de véhicules et de taxis clandestins. Cette place est occupée également par des commerçants ambulants faisant perdre au four son rôle de pôle.