Vocation n A Oued Koreiche (Alger), une association de bienfaisance se charge de financer, acheminer, préparer et distribuer des repas chauds et gratuits pour les personnes démunies. C'est l'association Ennour de bienfaisance et d'entraide sociale. Son président, Abdelhamid Mohamed, souligne le soutien de l'APC de Oued Koreiche, «bien qu'elle soit l'une des plus pauvres d'Alger», précise-t-il. Il ajoute que le rôle de l'association n'est pas limité au seul ramadan mais s'étale tout au long de l'année. Domiciliée au 4, avenue Achene-Nachef (ex-El-Kettar), elle distribue plus de 1 000 repas/ jour. A l'entrée du siège de l'association, des femmes et des hommes font la queue séparément. En ce vendredi, la distribution a débuté aux alentours de 14h 30. «Elle se poursuivra jusqu'à l'appel à la prière d'el-asr, à 16h 30», déclare Abdelkarim, bénévole. Il insiste sur le fait que toute la nourriture servie provient entièrement de dons. «Des gens passent et déposent toutes sortes de provisions.» Dans l'entrepôt des centaines de kilos de légumes et de fruits constituent un véritable stock de guerre. Des provisions qui vont servir à préparer des repas chauds dans la cuisine qui se trouve juste à côté de l'entrepôt. Pour la viande et les produits frais, l'association possède deux congélateurs et un réfrigérateur. L'opération de distribution se déroule dans une ambiance très calme. «Tout est bien organisé car nous avons de l'expérience», annonce Abdelkarim. Les bénéficiaires possèdent une carte portant le nombre de personnes de leur famille et les jours où ils ont été servis. Dans la cuisine, cinq hommes s'occupent de remplir les récipients qui s'entassent dans des couffins. La préparation des repas est assurée, le matin, par une équipe composée de sept femmes. Les repas changent en fonction des dons. Ce jour-là, c'est chorba frik et djouaz. Le soir, les bénévoles préparent les tables pour accueillir une trentaine de personnes. «L'étroitesse des locaux ne nous permet pas plus», regrette un bénévole. Le bénévole Mohamed dit avoir un grand chagrin en voyant tous les jours des gens, atteints dans leur fierté, obligés de venir demander à manger. «Avant ils n'osaient pas venir, mais les choses ont changé, ils sont bien obligés maintenant.» A15h 10, un non-voyant, livret de famille à la main, arrive. Il vient s'inscrire. Il dit travailler dans une usine qui fabrique des balais et qu'il n'a pas été payé depuis plus de quatre mois. «J'ai 40 ans et j'ai quatre enfants et une femme», lance-t-il d'une voix hésitante au bénévole responsable des inscriptions. Quand le préposé lui demande d'où il vient, l'aveugle répond : «De Beni Messous…» Parmi les personnes qui attendent d'être servies, un homme lance : «J'habite le quartier et je suis sans travail. Sans l'aide de cette association, je ne sais pas comment j'aurais fait pour nourrir mes enfants.» A côté de lui, d'autres chômeurs racontent leur désarroi face à une situation économique qui ne cesse de se dégrader. Quel que soit l'âge ou le sexe des bénéficiaires, tous tiennent à souligner la présence permanente de l'association Ennour dans les moments difficiles qu'ils traversent.