Cinéma n L'avant-première de Bled number one de Rabah Ameur-Zaïmeche a eu lieu, hier, à la salle Ethakafa (ex-ABC). Sélectionné au festival de Cannes (2006) dans la catégorie Un certain regard et récompensé du 25e Prix de la Jeunesse, Bled number one, deuxième film de Rabah Ameur-Zaïmeche après Wesh Wesh, raconte l'Algérie à travers le regard de Kamel. Celui-ci, un jeune Algérien, vivant en France, revient, après en avoir été expulsé, au pays d'origine. Peu à peu, il découvre – et redécouvre – son pays, sa société avec ses us et coutumes, avec ses tabous et ses interdits, ses désirs, ses complexes et ses contradictions. Il retrouve une Algérie en proie à la violence – décennie noire – et une société – son village – aux prises avec la menace des terroristes. Dans son pays d'origine, Kamel va vivre un véritable déchirement, perdu au milieu d'un monde qui lui est totalement étranger, parfois hostile. Loin de la complaisance ou du stéréotype, réfutant toute redondance ou toute autre forme de didactisme oiseux, se refusant d'être moralisateur ou détenteur de vérité, le film présente une Algérie avec ses traditions et ses archaïsmes, une société qui aspire à la vie et à la délivrance, en quête de repères et d'apaisement… Une Algérie en quête d'une issue. Bled number one prend le port d'un documentaire, plutôt que celui d'un long-métrage classique, d'ailleurs toutes les personnes – pour la plupart – montrées dans le film sont les habitants du village où le film a été tourné et où l'histoire se déroule et qui, selon le réalisateur, ont accepté de jouer. Ainsi, le protagoniste n'est pas tel ou tel acteur, mais le village tout entier qui revêt l'étoffe de personnage principal. Ce sont sa spontanéité et sa générosité qui confèrent au film son caractère empreint d'une grande sincérité, d'une richesse et d'une esthétique. Le réalisateur a confié, à ce propos, que tout son ârch a pris part à cette production. «Ils se sont convertis, le temps d'un tournage, en véritables acteurs et ils en sont très fiers», a-t-il dit. La caméra, comme dans un documentaire, suit le court des événements, elle filme (sans prendre de position ou encore sans vouloir privilégier telle émotion à telle expression, telle conjoncture à telle action) les individus et les situations, les moments de joie et le temps de la douleur. Avec très peu de dialogue, le film se révèle quasi silencieux ; la caméra s'attarde sur le geste, le comportement, le regard et l'instant. Ce n'est pas la parole qui fait le scénario, mais c'est bien la situation et ce qu'elle génère comme faits qui fait l'action du film et lui attribue sa réalité, son contenu cinématographique. Distribué en Algérie par Sora Production, Bled number one sera projeté, à partir d'aujourd'hui mercredi, dans les salles d'Oran (cinémathèque) et d'Alger (Ethakafa et filmathèque Zinet-Riad el-Feth). On retrouve dans le casting du film aux côtés du réalisateur qui interprète lui-même le rôle de Kamel comme dans Wesh Wesh, la chanteuse Meriem Serbah dans le rôle de Louisa et Abel Jafri (Bouzid), un court passage de Ramzy dans le rôle de Ahmed, le mari de Louisa, et la participation inédite des Ameur-Zaïmèche.