Accusé d'espionnage au profit du Mossad (service de renseignements extérieurs israéliens), Saïd S., journaliste, originaire de Tizi Ouzou, âgé de 44 ans, a été condamné, hier soir, par le tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou à 10 ans de prison ferme. Son coaccusé, Ali T., policier originaire de M'sila et âgé de 31 ans a été acquitté. Les deux accusés étaient poursuivis pour «collecte d'informations de documents et d'objets dans le but de les remettre à un pays étranger et dont l'exploitation portera atteinte à la défense nationale et aux intérêts économiques nationaux». L'affaire remonte à 1993. Saïd S., docteur en information et communication (diplômé de Genève 1989), a géré le journal Le Matin du Benin, puis il a rejoint la Côte d'Ivoire où il travaillera au journal Le Pays. Il publie un portrait sous le titre Yitzhak Rabin : la porte de la paix, où il fait l'éloge de ce responsable israélien assassiné en 1995. Et c'est de là que les responsables israéliens commencent à s'intéresser à lui. Il sera contacté par l'ambassadeur israélien en Thaïlande. L'accusé a reconnu avoir accepté de collaborer au profit du Mossad. Il a, alors, bénéficié d'une formation à Tel-Aviv et soumis au détecteur de mensonges avant d'être enrôlé. Il a été chargé de sonder un proche parent de Yasser Arafat en Tunisie en 1996. En 1999, il a été envoyé au Liban pour le même travail. En 2004, voulant collaborer avec un journal espagnol, on lui demande de fournir des renseignements sécuritaires sur le terrorisme en Algérie. Il est chargé de fournir des renseignements sur deux terroristes qui seraient impliqués dans les attentats de Madrid, sur les expériences nucléaires iraniennes et sur le sommet arabe de 2005. Saïd S. sera arrêté par les services de sécurité marocains le 15 décembre 2005 et remis à l'Algérie. Le tribunal militaire de Blida qui a traité l'affaire en avril 2005, s'est déclaré incompétent. Celle-ci fut donc renvoyée devant le tribunal criminel de Tizi Ouzou. Concernant Ali T., policier, celui-ci a déclaré devant le tribunal qu'il a connu Saïd S. lorsque ce dernier gérait une pâtisserie à Tizi Ouzou (en 1996). Il a reconnu avoir commis une erreur en divulguant des informations sur le terroriste Arbadji d'Azazga et sur le mouvement des arouch et la crise de Kabylie, tout en insistant qu'il ignorait tout des activités de Saïd S. Dans son réquisitoire, le procureur avait requis 20 ans de prison ferme contre Saïd S. et 10 ans fermes contre Ali T.