Statu quo n Les deux hommes sont une fois encore passés à côté de l'essentiel. Olmert évite toujours d'aborder les questions fondamentales. Les deux dirigeants se sont rencontrés pour la première fois en territoire palestinien, à Jéricho, cinq jours après une visite de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui peine à rapprocher leurs positions en vue d'une réunion internationale sur le Proche-Orient à l'automne. La réunion, qui a duré près de trois heures, est la quatrième entre les deux hommes depuis fin mars. «Je suis venu ici pour discuter avec vous des questions fondamentales entre Israël et l'Autorité palestinienne, en espérant que cela nous mènera bientôt à des négociations sur la création d'un Etat palestinien», a affirmé M. Olmert à M. Abbas avant leur réunion à huis clos. Israël s'oppose dans l'immédiat à des négociations poussées sur les questions clés du futur Etat palestinien, à savoir le tracé des frontières, Jérusalem et le sort des réfugiés de 1948. Lors de sa récente visite dans la région, Mme Rice n'a pas réussi à obtenir du chef du gouvernement israélien qu'il entame des discussions sur ces dossiers explosifs. Tout juste a-t-elle pu lui arracher une promesse de trouver un «accord de principes» sur les grandes lignes d'un Etat palestinien. «Nous avons discuté des moyens de parvenir rapidement à la création d'un Etat palestinien», a, de son côté, affirmé lors d'une conférence de presse à Ramallah, Saëb Erakat, le négociateur palestinien en chef. Il a ajouté que MM. Abbas et Olmert s'étaient mis d'accord pour se rencontrer à trois reprises avant novembre afin de préparer la réunion internationale à l'appel du président américain George W. Bush. Mais, a-t-il poursuivi, «nous ne voulons pas de nouvelles conférences pour prendre des photos ou faire des relations publiques, nous ne voulons pas de nouvelles initiatives. Nous voulons une paix globale dans la région et «mettre fin à l'occupation». La réunion s'est déroulée dans un hôtel de Jéricho, où un important service de sécurité israélien avait été mis en place. Un cordon de sécurité d'un kilomètre de diamètre avait été établi autour du lieu de la rencontre. L'objectif affiché par les Israéliens n'était ouvertement pas de réaliser une percée dans les négociations, mais de «maintenir le contact» avec les Palestiniens. Un haut responsable israélien a affirmé que M. Olmert ne devrait pas s'engager dans des négociations de fond avec les Palestiniens «avant novembre». A Gaza, l'ancien Premier ministre issu du Hamas Ismaïl Haniyeh a vertement critiqué la rencontre de Jéricho, affirmant que ces réunions ne donnaient pas de «résultats politiques et représentent une voie plusieurs fois empruntée qui ne mène les Palestiniens nulle part». Les barrages israéliens : l'enfer des Palestiniens l L'organisation de défense des droits de l'homme B'tselem a accusé, ce mardi, les autorités israéliennes en Cisjordanie occupée de se servir des barrages routiers comme d'une «punition collective» à l'encontre des Palestiniens. Sous le motif d'assurer la sécurité, les barrages routiers «constituent une véritable punition collective», affirme l'ONG israélienne dans un rapport. Selon cette enquête, l'armée israélienne a mis en place 43 barrages fixes et 455 autres obstructions de routes en Cisjordanie où 312 kilomètres de route sont partiellement ou totalement interdits aux Palestiniens. «Les autorités israéliennes ont transformé le droit élémentaire de circuler librement en un privilège qu'Israël accorde quand il lui convient», affirme le rapport. «Si les restrictions de mouvement ont été imposées à l'origine pour des motifs sécuritaires, elles ont d'autres objectifs à présent, notamment la création d'un réseau routier stérile, c'est-à-dire sans Palestiniens, pour l'usage des colons et autres Israéliens», poursuit le rapport. Ces restrictions portent notamment sur la Nationale 443 reliant la plaine côtière à Jérusalem, à travers la Cisjordanie, et sur la Nationale 90 dans la vallée du Jourdain, deux voies à grande circulation que les Palestiniens n'ont pas le droit d'emprunter. L'organisation réclame la «levée de tous les barrages fixes et autres restrictions de mouvement en Cisjordanie» quitte à renforcer les contrôles aux passages vers Israël et en Israël même, en vue d'empêcher des attentats. En réponse, le ministère de la Justice israélien a affirmé que ces accusations étaient «sans fondement» et souligné dans un communiqué que les barrages ont permis ces dernières années «d'empêcher des milliers d'attaques terroristes». Le ministère reconnaît que le «déploiement des barrages est une cause de tracas» pour les Palestiniens, mais estime que ledommage est modéré compte tenu de leur efficacité sécuritaire.