Le procès du colonel Steven Jordan, le seul officier américain poursuivi après le scandale des sévices infligés à des prisonniers à la prison d'Abou Ghraïb en Irak, doit s'ouvrir lundi devant une cour martiale à Fort Meade (Maryland, est). Plus de trois ans après la publication des photos montrant des prisonniers irakiens humiliés par leurs gardiens américains, seulement une poignée de soldats a été jugée, et aucun des hauts responsables civils et militaires de la défense n'a été poursuivi. Sur les photos qui ont fait le tour du monde, on voit des détenus nus, empilés sur le carrelage de la prison, attachés à des fils électriques, sous la menace de chiens d'attaque, la tête couverte de sous-vêtements féminins ou contraints de parader nus devant des gardiennes américaines. Ces images ont définitivement coupé l'élan de sympathie internationale envers les Etats-Unis suscité par les attentats du 11-Septembre. L'année dernière, le président George W. Bush a estimé que ce scandale représentait la «plus grosse erreur» commise par son pays en Irak. Le ministre de la Défense d'alors, le controversé Donald Rumsfeld, a assuré avoir présenté sa démission à deux reprises au plus fort du scandale, tout en maintenant que les sévices n'étaient le fait que de «quelques pommes pourries» au sein d'une armée de centaines de milliers de soldats. Au total, onze soldats ont été condamnés à des peines allant de quelques heures de travaux d'intérêt général à 10 ans de prison. La plupart ont assuré avoir simplement obéi aux ordres.