Vécu n La contestation n'a pas d'adresse. Là, où des citoyens se sentent lésés, ulcérés, on ne se prive pas à le dire haut et fort, réclamant justice et réparation, parfois même, avec des pierres et un gourdin en main. Les listes des logements à attribuer, celles des locaux commerciaux promis aux désœuvrés, les histoires de pénurie d'eau, le désarroi des handicapés, l'emplacement des ralentisseurs et même la prolifération, nuit et jour des chats et chiens errants, avec le risque de la rage au bout des canines, sont autant de signes qui, en s'accumulant, peuvent aisément constituer le terreau d'une explosion sociale à l'issue incertaine. En faisant aujourd'hui un petit flash-back, l'on ne peut que craindre, sinon une contagion, un durcissement de la situation. C'est ce que redoutent quelques formations politiques, comme le PT de Louisa Hanoune qui ne manque d'appeler d'ailleurs à «un plan d'urgence». A Boussaâda, bouillonnante au début de l'été avec une sale histoire de football, une autre affaire surgit avec de l'électricité dans l'air. La «poudrière» n'est autre que la liste fortement contestée des attributions des locaux commerciaux. A la fin de la semaine dernière, des centaines de jeunes ont carrément affiché leur mécontentement en accusant les autorités locales d'avoir confectionné une liste qui sent la tchippa. La ville retient aujourd'hui son souffle et les «sages» de la région ont toutes les raisons de craindre la fitna. Des centaines de kilomètres plus loin, C'est une histoire de logements, une de plus, qui refait surface. De chaudes empoignades sont redoutées respectivement à Khenchela et à Oum El-Bouaghi tout simplement parce que les listes des bénéficiaires du logement rural dans les deux wilayas ont fait beaucoup de malheureux, tous décidés à ne pas lâcher prise face à une administration locale qu'ils accusent, à tort ou à raison, d'avoir éliminé les vrais et authentiques bénéficiaires. Le logement social était, lui aussi, cette semaine, au centre d'une grosse polémique respectivement dans les régions de Tizi Rached (wilaya de Tizi Ouzou) et Aokas (wilaya de Béjaïa). Dans les deux régions, des commissions d'enquête sont expressément demandées par des centaines de citoyens qui, après avoir constaté le fait que le traitement de leurs dossiers était renvoyé aux calendes grecques, ont brandi la menace de geler toutes les activités économiques et sociales dans lesdites régions et de bloquer tous les axes routiers. Cette dernière pratique, à laquelle recourent systématiquement les citoyens en colère, a déjà été suivie, en fin de semaine à Cap Djinet dans la wilaya de Boumerdès où des citoyens exacerbés pour une histoire d'eau potable qui n'arrive plus dans les robinets, ont carrément bloqué la RN 24 au grand dam des automobilistes. La fronde concerne aussi tout ce qui peut la nourrir…. Même les chats et chiens errants. C'est ce qui s'est passé récemment respectivement dans des villages de Aïn Témouchent et de Chlef, où des citoyens, toujours sous la menace d'une morsure mortelle, s'en prennent aux autorités locales en organisant des sit-in et en rédigeant lettres de contestation avant de passer… à d'autres mesures.