Stratégie n Soucieux de donner plus de crédibilité à la réunion d'Annapolis, les Américains veulent gagner plus de soutien des pays arabes même ceux qu'ils considéraient comme hostiles à leur politique au Moyen-Orient. Les Etats-Unis ont, selon eux, fait de nombreuses concessions pour attirer les pays arabes, notamment l'Arabie saoudite et la Syrie, à la conférence prévue la semaine prochaine à Annapolis, près de Washington. Alors que les Etats-Unis voulaient limiter la réunion internationale de paix de mardi prochain à un soutien public de certains alliés clés aux négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens, ils ont dû élargir le champ des discussions pour satisfaire aux exigences de plusieurs pays arabes, notamment l'Arabie saoudite. La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, l'a reconnu mercredi : c'est pour obtenir à Annapolis «le plus large soutien arabe possible», que les Etats-Unis ont décidé que la conférence internationale de paix de mardi prochain ne se limiterait pas au dossier israélo-palestinien. «Il est très clair pour tout le monde que cette réunion est consacrée aux Israéliens et aux Palestiniens. C'est le volet qui est le plus sûr et sur lequel on peut avancer», a-t-elle indiqué. «Mais personne ne nie qu'il va falloir un jour résoudre le volet israélo-syrien, le volet israélo-libanais, et qu'en fin de compte, il faut qu'il y ait une normalisation des relations entre Israël et le monde arabe», a-t-elle ajouté. L'Arabie saoudite, l'un des principaux bailleurs de fonds des Palestiniens et une puissance influente dans l'ensemble du monde musulman, n'a toujours pas confirmé sa participation à cette conférence qui doit être précédée d'un dîner lundi soir au département d'Etat. Les pays arabes se réunissent ce jeudi et ce vendredi au Caire pour décider de leur participation à Annapolis. La présence du ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud al-Fayçal, représenterait une victoire diplomatique pour les Etats-Unis. L'Arabie saoudite n'a jamais reconnu Israël. En outre, alors que leurs relations avec le régime de Damas sont au plus mal, les Etats-Unis ont accepté d'inviter la Syrie à cette conférence à la demande de Riyad, soulignant néanmoins qu'elle était invitée au titre de son appartenance au groupe de suivi d'une initiative de paix approuvée par la Ligue arabe. La Syrie ayant fait savoir qu'elle ne viendrait que si elle était invitée individuellement, chaque pays a reçu sa propre invitation verbale, transmise par l'ambassade des Etats-Unis dans chaque capitale, a noté mardi le secrétaire d'Etat adjoint chargé du Proche-Orient, David Welch. Et Damas ayant exigé de pouvoir aborder la question du Golan, occupé par Israël, un volet «paix globale» a été ajouté à l'agenda, pour intégrer les discussions sur les volets israélo-libanais et israélo-syrien du processus de paix. «Notre ordre du jour a été élaboré en fonction de ce que nous avons entendu de certains acteurs clés et les sessions plénières seront divisées en trois parties : le soutien international au processus bilatéral (israélo-palestinien), les réformes institutionnelles et économiques et la paix globale», a précisé M. Welch. La Syrie pourra donc s'exprimer à Annapolis, si elle le souhaite, a-t-il ajouté. «Personne ne leur coupera le micro.»