Résumé de la 1re partie n Marcel est suspecté d'être l'assassin de sa propre famille. seul héritier, il veut vendre et quitter sa ville natale. Une ville où rien ne se passe… Se marier ? Et si on cherchait quand même un peu du côté des femmes ? Donadieu et Marcel sont de «belles bêtes». Aux «assemblées», ils ne devaient pas laisser les filles indifférentes. Peut-être quelque donzelle aurait-elle pu les connaître mieux que les autres ! C'est ainsi que la police montée finit par découvrir une ou deux jeunes filles qui ont eu l'occasion de valser entre les bras musclés des frères Miremont. Avec quelque réticence, elles admettent que tout n'était pas rose dans la famille massacrée. — Marcel était un peu jaloux de Donadieu. Surtout depuis que la Félicie Andrieu l'avait quitté pour son frère. On parlait mariage et Marcel ruminait sa haine. Il n'était pas commode, le Marcel, du genre renfermé mais capable de coups de colère épouvantables, tout comme son père... Mais de là à tuer toute sa famille... Félicie Andrieu, interrogée à son tour, explique qu'elle a rompu avec Marcel à cause de sa violence : — Un jour, après la danse de l'assemblée de printemps, il m'a fait une scène et j'ai cru qu'il allait me casser le bras. J'ai gardé un œil au beurre noir pendant plus d'une semaine. Donadieu, lui, était beaucoup plus doux. Même s'il n'était pas aussi bien bâti... L'attitude de Marcel, ses hésitations quant à son emploi du temps, finissent par justifier son incarcération. Le procureur est d'accord avec le lieutenant Delanoy : — On va le garder au frais pendant quelques jours. Lui qui est habitué à la liberté et aux grands espaces va la trouver mauvaise. Espérons que ses nerfs vont lâcher... Mais les nerfs de Marcel ne cèdent pas. Il reste de longues heures assis sur son bat-flanc, perdu dans ses pensées... Jusqu'au jour où le lieutenant Delanoy a une idée. Il en fait part au procureur : — Ma sœur connaît un homme extraordinaire. Ce n'est pas la première fois que la police fait appel à ses services. Voilà ce qu'il pourrait faire… Le procureur donne l'autorisation d'engager l'homme en question, un certain Kenneth Woodruff. Ses états de service mettent tout le monde en confiance. Deux jours plus tard, Marcel Miremont, à travers les barreaux de sa cellule, aperçoit un petit homme moustachu qui vient s'installer dans le couloir, à trois mètres de lui. Un policier lui apporte une chaise confortable et l'homme s'assied ; regarde Marcel, sans rien dire, même pas «Bonjour». Marcel, au bout de quelques minutes, se désintéresse du nouveau venu. Puis il y revient: il se demande ce que signifie la venue de cet homme en vêtement civil, assis dans le couloir. Ce n'est pas un prisonnier, ce n'est pas un policier, ce n'est pas un avocat. Il est assis là et il le regarde. — Hé ! Vous ! Monsieur ! Vous pouvez me dire pourquoi vous êtes là ? L'autre ne répond pas. Ses petits yeux noirs enfoncés dans les orbites fixent Marcel. C'est à peine si on voit les paupières ciller de temps en temps. Mais l'inconnu ne répond pas : il fixe Marcel. Il fixe Marcel pendant quatre heures d'affilée. Au bout de ce temps, un policier vient chercher l'homme qui se lève et disparaît au bout du couloir. C'est l'heure du repas et d'ailleurs on apporte le déjeuner de Marcel. Mais il n'a pas d'appétit et se trouve incapable d'avaler la moindre nourriture : «Qu'est-ce qui m'arrive ? Il m'énerve, ce bonhomme. Qu'est-ce qu'il veut ?» (à suivre...)