Se soulager ne revient pas très cher. Il en coûte à peine 10 DA pour régler un problème qui peut devenir délicat si l'on ne trouve pas rapidement l'endroit adéquat. Est-ce un signal (et comment faudrait-il l'interpréter ?), mais le nombre de vespasiennes a drastiquement diminué alors que le nombre d'habitants a augmenté, passant du simple au double. L'urinoir de la rue Mustapha-Ferroukhi, à l'intersection de la rue Didouche-Mourad, si pratique et tellement bien situé, à été transformé en kiosque à journaux; celui des Facultés, côté avenue Pasteur, est tout simplement fermé. Depuis longtemps si l'on en juge par les portes rouillées. Celui des escaliers Zig-Zag, rue des Gétules, dans la moyenne Casbah, a été remplacé par une minuscule et impeccable épicerie. Place des Trois-Horloges, les deux toilettes, aussi bien celles des hommes que celles des femmes, sont closes, transformées en décharge publique. Au marché de la rue Bab El-Oued, légèrement au-dessus de la mosquée Ali-Bitchin, toujours en rénovation depuis six ans, les toilettes des femmes ne leur sont d'aucune utilité. La seule toilette publique qui ait quelque style est celle du parc Sofia où, suprême attention, vous avez le choix entre la toilette à la turque et la chaise percée à l'européenne. C'est aussi la seule toilette publique qui ait cédé une dépendance – celle affectée à la personne chargée de l'entretien quand le parc s'appelait Guynemer – à une vieille SDF et à sa progéniture qui se trouve soulagée provisoirement d'un autre pressant problème.