Résumé de la 1re partie n Le pauvre paysan, ayant trouvé du travail dans la ferme d'un ogre, installe sa xaïma (tente) juste à proximité… Mais voilà que pendant son absence, l'ogre entra sous la tente, se saisit du bébé, l'avala et le régurgita en disant : — Ouled el Arab hars, mars ! Les enfants des Arabes sont rugueux, rugueux ! Il l'avala une nouvelle fois et le recracha en répétant, toujours : — Ouled el Arab hars, mars ! Les enfants des Arabes sont rugueux, rugueux ! Lorsque la mère revint des champs, elle trouva les langes de son bébé mouillés et déchirés. Elle se lamenta : — Oh mon Dieu ! Mais qu'est-il arrivé à mon petit ? Le soir, elle fit part de son inquiétude à son mari qui lui reprocha de ne jamais être contente et de chercher des prétextes pour nuire à leur bonheur. Depuis, elle se tut, mais resta vigilante et accentua sa surveillance. Un jour, en revenant des champs, elle s'approcha discrètement de la tente dans l'espoir de découvrir qui était cette chose qui bavait sur son enfant. Elle avait imaginé mille étrangetés, mais rien de ce qu'elle allait constater. Elle fut terrifiée de voir le fermier avaler et régurgiter son bébé tout en répétant : «Ouled el Arab hars, mars !» Les enfants des Arabes sont rugueux, rugueux !» Le pauvre bébé braillait entre deux ingurgitions. La femme comprit que le fermier était un ogre. Elle se garda de crier et s'annonça d'une voix timide : — Oh ! Sidi ! Je suis là ! Elle agissait comme les femmes pudiques qui n'osent pas se montrer le visage découvert devant un homme autre que leur mari. L'ogre, surpris, sortit en expliquant : — J'ai entendu le bébé crier et je suis venu le bercer ! Mais quand la femme se pencha sur le berceau, elle trouva son bébé tout gluant avec les langes déchirés. Elle attendit avec impatience le soir pour relater la terrible découverte à son mari. Elle lui dit en tremblant : — Tu sais, c'est un ogre ! C'est lui qui tente d'avaler notre bébé. Malgré son apparence bien mise et ses manières de riche fermier, c'est un ogre. — Que vas-tu encore inventer ? lui répondit-il sans s'agiter ni s'étonner. — Tu ne me crois pas parce que tu es rassasié et tu ne manques de rien ! Tu te sens bien... Ton ventre bien rempli t'empêche de réfléchir à ce qui se passe autour de toi. Partons vite, je t'en supplie. — De toute façon, je n'irai nulle par ailleurs. Je ne crois pas que c'est un ogre et si s'en était un et qu'il venait à me dévorer, c'est moi que ça regarde. Et si tu veux partir, tu n'as qu'à t'en aller, trancha-t-il net. Dès l'aube, la pauvre femme porta son fils sur son dos et se sauva. Elle retourna dans la tribu auprès de ses sept frères et leur raconta sa terrible mésaventure : — Nous étions chez un homme qui avait une ferme, des terres, des troupeaux de moutons, des bœufs, toutes les richesses. Mais seulement, j'ai découvert que c'est un ogre. Je l'ai vu avaler et régurgiter notre bébé ; hélas mon mari a refusé de me croire. J'ai des craintes pour lui. J'ai bien peur que l'ogre ne le dévore dès ce soir. (à suivre...)