Résumé de la 16e partie n Après quelques mois d'exil à Kiev, Raspoutine retourne à Saint-Pétersbourg où il reprend sa place à la cour impériale. C'est un grand jour au théâtre de Kiev où la cour impériale s'est déplacée pour suivre un opéra : il y a, outre le tsar et la tsarine, des ministres, des membres de la Douma, le parlement russe, ainsi que le premier ministre, Piotr Stolypine. Raspoutine est également présent et il savoure d'avoir repris toute sa place dans la famille impériale. Stolypine ne regarde pas son vieil adversaire : il a, en effet, en cette fin de l'été 1911, toutes les raisons d'être satisfait. Sa politique des réformes avance à grands pas. Les paysans russes venaient de recevoir l'autorisation de quitter les mirs, les communes paysannes d'avant la révolution bolchevique, ce qui leur permettait enfin d'acquérir des parcelles de terre. Quant à l'industrialisation de la Russie, elle avance lentement, mais sûrement. L'opéra vient de finir et les hauts personnages s'apprêtent à quitter le théâtre quand, trompant la vigilance des policiers, un jeune homme rompt le cordon installé. Il s'approche de Stolypine et crie. — Je ne te laisserai pas perdre la Russie ! Il tire un couteau et le lui plante en plein cœur. Les policiers accourent. Mais Stolypine s'écroule, mort sur le coup. On arrête l'assassin qui ne tente même pas de fuir. C'est un jeune anarchiste. Raspoutine, témoin du meurtre, ne dira rien. On le soupçonnera, un moment, d'avoir commandité l'assassinat, mais il sera établi qu'il n'avait aucun lien avec le meurtrier. Désormais, il redevient le conseiller du tsar. Avec Stolypine, les réformes sociales sont arrêtées. Au cours de l'été 1912, le tsarévitch Alexis est en voyage en Pologne. Le jeune garçon est, comme d'habitude, suivi par une cohorte de médecins et de domestiques qui veillent sur sa santé et son confort. Un accident bénin survient, mais il tourne vite au cauchemar. L'enfant, hémophile, risque une hémorragie interne. Au palais, c'est le désespoir. Alexis, étendu sur son lit, est pâle comme un mort. On envoie même chercher des prêtres pour lui administrer l'extrême-onction. Raspoutine, qui se trouvait dans une église, est averti. Il lance un grand cri et tombe en extase devant une icône de la Vierge. — Sauvez-le ! Sauvez-le ! supplie-t-il. Cela dure un long moment, puis il se relève, épuisé. — Qu'on m'apporte de quoi écrire ! demande-t-il. Il écrit un message au palais. «N'ayez aucune crainte, Dieu s'est laissé attendrir par vos larmes et par mes prières. Le petit ne mourra pas. Mais éloignez les docteurs de lui, ne les laissez pas l'importuner ! C'est la tsarine qui lit, en tremblant, le message. Aussitôt l'état de santé du tsarévitch s'améliore. Dès le lendemain, l'œdème de sa jambe se met à désenfler et l'hémorragie interne arrêtée. — C'est un miracle, murmure-t-on, à la Cour. Même les médecins, qui refusent d'habitude les «simagrées» de Raspoutine, reconnaissent qu'il s'est passé quelque chose. (à suivre...)